Page:Revue des Deux Mondes - 1892 - tome 113.djvu/152

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comment dans une atmosphère animée d’un mouvement, — D’une ondulation, d’une vibration rapide, — où le vent se propage avec une vitesse considérable, une explosion peut, plusieurs heures après, déterminer une condensation de la vapeur d’eau ; l’ébranlement imprimé à l’air et aux vapeurs qu’il renferme doit se dissiper et s’éteindre comme le remous produit dans une pièce d’eau se dissipe en quelques minutes, si grosse que soit la pierre qu’on y a jetée, si forte que soit la cartouche de dynamite qu’on y a fait éclater : le repos et l’immobilité reviennent, et rien dans l’apparence de l’eau ne trahit l’agitation naguère si violente : le mouvement dont elle était animée n’a point laissé de traces ; mais enfin, il y a quelque relation entre cette agitation et la pluie qui a suivi ; ou pour mieux dire, entre les phénomènes dont l’atmosphère a été le théâtre, et la condensation de la vapeur d’eau. Quelle est cette relation, si l’hypothèse du général Dyrenforth doit être écartée, et s’il nous faut a priori repousser son interprétation, tout en acceptant ses faits ?


II.

Pour répondre à cette question, demandons d’abord aux météorologistes quelle est leur théorie de la pluie. Ils nous répondent que la pluie se forme par condensation de la vapeur d’eau, ou mieux, par la réunion des gouttelettes d’eau qui forment les nuages, en gouttelettes plus volumineuses, toujours sous l’influence d’un refroidissement, l’intensité de celle-ci étant d’ailleurs variable selon différentes conditions, parmi lesquelles la richesse de l’air en vapeur d’eau est la principale. L’air est-il très humide, il suffira d’un abaissement de température léger ; est-il au contraire très sec, il faudra un refroidissement considérable pour provoquer la chute de la pluie.

L’atmosphère tient en suspension une quantité d’eau que Dalton a évaluée à quelque chose comme 70 trillions de tonnes d’eau. La tonne d’eau, c’est un mètre cube : c’est donc à peu près cent fois le volume du lac de Genève qui est répandu dans l’atmosphère. Étalée sur la surface de la terre, l’eau atmosphérique formerait une couche de 14 ou 15 centimètres de profondeur. C’est beaucoup sans doute, mais ce n’est pas la totalité de ce que pourrait renfermer celle-ci. L’air, en effet, n’est pas saturé de vapeur d’eau, tant s’en faut, sauf par momens et dans des régions restreintes : l’air froid renferme peu de vapeur d’eau ; l’air qui