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on a recours à une expansion de 10 centimètres cubes, qui fournit un certain brouillard ; celle-ci étant devenue inefficace, on pratique une dilatation plus considérable, et enfin, il vient un moment où la dilatation est sans influence, quelle que soit son importance : il ne se produit plus de brouillard, c’est-à-dire de condensation de vapeur d’eau, sauf dans le cas où l’on opère la dilatation très brusquement : dans ces conditions, on obtient encore de petites pluies très nettes.

Comment interpréter ces faits, et quelle est leur signification pour les expériences sur la pluie artificielle ? quel rapport y a-t-il entre les deux questions ?

Pour M. Aitken, ces expériences démontrent que la condensation de la vapeur d’eau répandue dans l’air ne peut s’opérer qu’en présence de parcelles de poussière. Ces parcelles agissent comme noyaux de condensation, des noyaux autour desquels la vapeur se précipite sous forme liquide : quand elles sont présentes, la vapeur peut se condenser autour d’elles, — sans doute en raison de la différence de température entre les poussières et la vapeur, — quand elles font défaut, la condensation n’a pas lieu. La première expérience semble démontrer clairement cette proposition, et prouve que là où des poussières, si ténues soient-elles, n’offrent point à la vapeur d’eau une surface libre sur laquelle celle-ci peut se condenser, il ne peut se former ni nuage ni brouillard. S’il en est ainsi, la condensation doit être proportionnelle à l’abondance des poussières, évidemment. En est-il ainsi ? À cette question M. Aitken répond en montrant que plus la proportion d’air impur, dans un mélange d’air pur et d’air impur, est petite, et moins il se fait de condensation. Une troisième expérience fournit également des renseignemens intéressans au point de vue qui nous occupe. Voici un flacon rempli d’air impur. On y laisse entrer de la vapeur d’eau chaude, et il s’y forme un brouillard épais. Ce brouillard se dépose peu à peu et l’air redevient transparent. Laissons rentrer la vapeur : il se forme un nouveau brouillard, mais moins dense ; et à chaque opération successive, la densité du brouillard formé diminue, et enfin, il ne s’en forme plus du tout. Que s’est-il passé ? Il faut admettre, avec M. Aitken, que le premier brouillard a été très dense parce que les poussières étaient très abondantes, et que les suivans l’ont été beaucoup moins parce qu’à chaque opération le nombre des premières a été diminué, chaque parcelle sur laquelle la condensation s’est opérée ayant été entraînée vers le fond du flacon par le poids de l’eau qui s’est attachée à elle, chaque parcelle qui a servi de noyau de condensation ayant été noyée dans l’eau qui s’accumule au fond, et par là même mise hors