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des importations sur les exportations (800 à 900 millions de francs) nous rentre par plusieurs courans et en bien plus grande quantité, tout d’abord par l’envoi que font chez nous les États étrangers de l’or nécessaire au service des intérêts de leurs dettes extérieures. L’apport de métal pour ce motif peut déjà être évalué à 800 millions de francs. Il y faut ajouter celui des étrangers qui viennent vivre chez nous et y font de larges dépenses, dont les statistiques douanières ne peuvent donner naturellement l’équivalent en or. Le total en doit atteindre au moins un milliard de francs, payé pour la plus grande partie en or. Donc notre stock de pièces d’or ne tend nullement à s’épuiser ; il s’accroît au contraire sans cesse, et maintient le rapport établi entre les deux métaux.

Cet accroissement apparaît surtout dans les bilans hebdomadaires de la Banque de France. Le stock d’or s’y élève actuellement à 1,672 millions, et l’ensemble de l’encaisse métallique (2,970 millions) ne dépasse plus que de 70 le total des billets en circulation. Les bénéfices de la Banque sont en décroissance continue ; ceux de la dernière semaine ont été de 126,000 francs.

Une partie de l’accroissement énorme qui s’est produit depuis deux ans dans le stock d’or de la Banque est originaire des États-Unis. Les exportations de ce métal de New-York pour l’Europe ont cependant commencé à se ralentir. La pensée qu’elles cesseront tout à fait dans quelque temps calme peu à peu la crainte qui se répandait d’une crise éventuelle, née de la dépréciation considérable de l’argent et de la réduction de plus en plus sensible de la réserve du Trésor.

Les caisses fédérales sont bondées de monnaies d’argent dont elles ne peuvent faire aucun usage pour leurs paiemens. Elles pourraient légalement rembourser en monnaie d’argent les certificats qui ne représentent que des dépôts de métal blanc, et en portent la mention. Mais l’habitude du paiement en or s’est tellement établie que la première tentative du secrétaire du Trésor pour rompre la tradition serait le signal d’une véritable panique, et peut-être de l’apparition d’une prime sur l’or. C’est pour parer à ce péril que la sous-trésorerie de New-York a fait venir récemment de San-Francisco une somme de 20 millions de dollars en pièces d’or. Six wagons, protégés par une escorte de 45 hommes choisis, ont porté ce précieux chargement du Pacifique à l’Atlantique.

Les fonds russes, très recherchés au comptant par l’épargne française, qui a de plus en plus confiance en la loyauté du gouvernement du tsar, n’ont pu conserver à terme leurs cours les plus élevés. Toutefois les écarts de prix sont peu importans. L’emprunt d’Orient est à 67.20, le Consolidé à 96, le 3 pour 100 1891 à 78.75.

La rente italienne a été portée de 91.50 à 92.37, mais cette plus-value a été entièrement reperdue dans les deux derniers jours. D’après