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le rapport du ministre des finances sur le budget définitif pour l’exercice qui a pris fin le 30 juin dernier, le déficit, que M. di Rudini avait primitivement évalué à 8 millions, atteint aujourd’hui 44 millions. Les recettes ont donné 11 millions de moins, les dépenses ont exigé ik millions de plus, et il s’est produit un écart de 10 millions dans le « mouvement des capitaux. » Les moins-values proviennent principalement des douanes (6 millions), de la loterie (2 1/2 millions), des chemins de fer (1 1/2 million), de l’enregistrement, de la richesse mobilière, des taxes hypothécaires, des postes, des télégraphes, de la consommation du sel, des octrois de Rome et de Naples, des tabacs. La plupart indiquent, par leur nature même, l’état de gêne dans lequel se trouve la population.

Les dépenses pour change et commission entrent pour 3 1/2 millions dans l’accroissement des déboursés.

Au 30 juin 1892, les fonds de caisses en Italie n’étaient plus que de 263 millions de lire contre 337 millions, chiffre correspondant au 30 juin 1891. Les dettes du Trésor (dette flottante) étaient, fin juin dernier, de 529 millions contre 475 millions à la date correspondante de 1891 ; la différence passive a été ainsi portée, d’une année à l’autre, de 138 à 266 millions.

L’Extérieure s’est avancée jusqu’à 65, mais pour reculer ensuite à 63.90. Cette réaction a été causée par le recul général de la cote et aussi par l’aggravation du change de 15 à 16 pour 100. Il convient d’ajouter encore un élément de faiblesse, l’énervement de la spéculation devant les interminables négociations entre la Banque d’Espagne, le ministre des finances de Madrid et des établissemens financiers de Paris pour le placement de 50 ou 100 millions de pagarès à trois mois, avec renouvellement facultatif. L’objet de l’opération est de fournir les fonds nécessaires aux deux prochaines échéances de la dette extérieure et le loisir de préparer l’exécution des grosses affaires financières que le gouvernement se propose de lancer cet automne : adjudication de la ferme des douanes de Cuba, fermage des cédules personnelles, fermage du timbre, régie des allumettes, extension du bail et des privilèges de la compagnie fermière des Tabacs ; enfin, dans les premiers mois de 1893, un emprunt de 200 millions. Il est en outre question d’une opération partant sur 150 millions, à laquelle se résoudrait la municipalité de Madrid pour la consolidation de ses dettes. Le Portugais 3 pour 100 s’est relevé à 24 1/2 sur des bruits encore très vagues de reprise de négociations avec les créanciers étrangers.

Les valeurs turques ont été poussées par la spéculation aussi longtemps qu’a duré la campagne du 3 pour 100 français vers le pair. Le recul général leur a fait reperdre une bonne partie du terrain ainsi gagné. Le 4 pour 100 hongrois et les autres valeurs de la monarchie