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40,000 mètres cubes d’eau par vingt-quatre heures. C’est sur quoi l’on comptait au début. Et on y était d’autant mieux autorisé que la ville de Paris était devenue propriétaire, dans les vallées du Verdon et du Surmelin, voisines de celle de la Dhuis, de nombreuses sources dont, dans le projet primitif, les eaux devaient être relevées dans l’aqueduc. Mais, en matière de dérivation, les déceptions sont fréquentes. Diverses raisons d’ordre politique, la résistance des populations principalement, empêchèrent d’effectuer les dérivations accessoires. Puis la source elle-même de la Dhuis dont, dans le principe, on croyait pouvoir attendre 24,000 mètres cubes, n’en donna plus que 20,000 ; elle en donne aujourd’hui entre 18,000 et 24,000 mètres cubes, suivant les saisons. La source de Saint-Maur y ajoute 5,000 mètres cubes d’une eau de qualité peu inférieure. C’est donc entre 23,000 et 29,000 mètres cubes que reçoit à peu près chaque jour le réservoir de Ménilmontant. Frais d’entretien, intérêts et amortissement du capital, cette eau revient, avant toute distribution, à 0 fr. 13 le mètre cube.

Les travaux de la Vanne furent commencés en 1867, suspendus pendant la guerre, terminés le 11 avril 1875, date de l’arrivée régulière des eaux. La longueur de l’aqueduc est de 173 kilomètres. Sa section a été calculée pour l’arrivée de 150,000 mètres cubes, y compris l’apport des dérivations accessoires ; et de ce côté, on n’a pas eu de déception. Peut-être, en prévision d’un avenir que, il faut le dire, on avait le droit de ne pas soupçonner alors, eût-il été bon de donner à l’aqueduc une section plus grande. On aurait ainsi singulièrement simplifié les épineux problèmes qu’ont à résoudre les successeurs de Belgrand.

La dépense de la dérivation de la Vanne a été de 39 millions. Le mètre cube d’eau revient à peu près à fr. 06 ; — c’est moins de moitié que pour la Dhuis.

II.

C’était donc 130,000 à 140,000 mètres cubes d’eau potable ; et, à l’époque où s’élaboraient ces grands projets, ce chiffre pouvait paraître faire la part la plus large à toutes les éventualités de l’avenir. L’eau d’abonnement, en effet, n’atteignait pas tout à fait alors 18,000 mètres cubes.

Mais pour considérable que parût le volume des eaux dérivées, il n’était pas tel qu’il pût suffire à lui seul et à l’usage des particuliers, et aux exigences du service public. Pour assurer ce dernier, l’emploi des eaux de l’Ourcq, de la Seine et de la Marne demeurait indispensable. On ne pouvait toutefois songer à les mélanger, dans les conduites de distribution, à ces eaux