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excellentes qu’on était allé chercher si loin, à si grands frais, que la difficulté de se les procurer en abondance rendait d’autant plus précieuses, et qu’on voulait réserver à l’usage exclusif de la population. On en prit son parti, et, le 12 janvier 1855, le conseil municipal décida la pose, dans toutes nos rues importantes, d’une double canalisation. L’une était réservée aux eaux de source. Dans l’autre devait circuler l’eau de rivière exclusivement destinée à la voie publique et aux usages purement industriels, aux chaudières à vapeur, en particulier. — Ce qui a été décidé alors a été suivi d’exécution : les deux canalisations vont parallèlement dans nos rues. Elles ont aujourd’hui un développement d’un peu plus de 2,000 kilomètres. — Paris était, en même temps, divisé, au point de vue des altitudes, en trois zones distinctes : le service bas, comprenant tous les quartiers de la rive gauche, et, sur la rive droite, ceux dont le sol ne dépasse pas l’altitude de 50 mètres ; le service moyen, qui comprend les parties d’une altitude supérieure, c’est-à-dire toute la partie haute au nord de Paris, de Passy au Père-Lachaise, soit les 2/7 de la ville, en ne laissant pour le service haut que le sommet de la Butte-Montmartre et une partie des plateaux de Belleville et de Ménilmontant. L’eau de la Vanne est distribuée dans le service bas, et celle de la Dhuis dans le service moyen. Une petite partie de cette dernière eau est relevée pour le service haut dans des réservoirs situés à l’altitude de 134 mètres, l’un à Belleville, l’autre près de l’église de Montmartre.

Une répartition analogue existe dans le service public : l’eau de l’Ourcq y est employée dans le service bas, partout où l’altitude du sol n’est pas supérieure à 50 mètres. L’eau de Seine et l’eau de la Marne circulent dans les conduites du service public du reste de la ville. Cette division de la ville en trois zones subsiste toujours, et il y a peut-être à être renseigné à ce sujet plus d’intérêt qu’il semble au premier abord. En raison de l’altitude du bassin de la Villette, l’eau de l’Ourcq circule dans les conduites basses du service public, sous l’action de la seule gravité. L’eau de Seine, au contraire, est relevée dans des réservoirs spéciaux situés à Villejuif, Gentilly, Charonne, Montmartre, Passy et Grenelle, par cinq magnifiques usines à vapeur disposant à elles toutes d’une puissance de plus de 2,000 chevaux-vapeur et pouvant élever en vingt-quatre heures 225,000 mètres cubes d’eau, dont 155,000 à une hauteur de 64 à 65 mètres, sensiblement supérieure, on le voit, à l’altitude de 50 mètres du service bas.

L’usine de Saint-Maur, à la fois hydraulique et à vapeur, et d’une puissance totale de 1,300 chevaux, est chargée de fournir d’eau de Marne le réservoir inférieur de Ménilmontant qui est à l’altitude de 80 mètres. Elle peut y verser plus de 100,000 mètres