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à l’achat de rentes françaises un capital de 15 millions de francs en août et de 3 millions du 1er au 10 septembre.

Ces faits expliquent la tenue de notre rente 3 pour 100 aux cours de 100.60 à 100.75 côtés depuis huit jours ; au comptant, les prix sont légèrement plus bas qu’à terme ; il ne s’agit toutefois que d’un écart de 5 à 10 centimes. L’amortissable et le 4 1/2 ont suivi le mouvement de progression du 3 pour 100 dans la semaine qui a suivi la liquidation. Ces deux fonds se sont tenus, depuis lors, immobiles. Le mardi 13, la rente a reculé de 25 centimes à 100.50, entraînée sans doute par une baisse assez vive de la rente espagnole.

La rente italienne avait été portée à 92.45, à la fin du mois d’août, lui spéculation escomptant l’impression favorable attendue de la présence de l’escadre française à Gênes pendant les fêtes du quatrième centenaire de Christophe Colomb. Quelque importance que l’on puisse attacher au brillant accueil fait par la population génoise à notre escadre et à son chef, l’amiral Rieunier, les conséquences financières de l’événement ne pouvaient guère dépasser l’échéance du fait accompli. Depuis l’arrivée de nos vaisseaux à Gênes, les spéculateurs avisés qui avaient poussé l’Italien ont procédé à des réalisations, les cours ont été toutefois assez bien tenus. Il semble que la faveur revienne à ce fonds, jadis très populaire parmi les petits capitalistes français, puis devenu à bon droit suspect pendant la crise suscitée par l’application indûment prolongée de la politique de M. Crispi. On ne saurait encore préjuger à quelles mesures aura recours le cabinet Giolitti pour le rétablissement de l’équilibre dans les budgets de l’Italie ; on peut seulement constater une certaine détente dans le malaise économique dont le royaume est atteint depuis plusieurs années, détente dont l’amélioration des recettes publiques est le symptôme le plus caractéristique.

Le 4 pour 100 extérieur d’Espagne se négociait assez activement entre 64 1/2 et 65 dans les derniers jours d’août. En liquidation, un vif courant d’achats le porta brusquement à 66, et ce mouvement fut expliqué par l’imminence de la conclusion entre le gouvernement espagnol et la Banque de Paris et des Pays-Bas d’un arrangement dont il avait été question pendant tout le mois précédent. Il s’agissait d’une avance de 50 millions de francs gagée par des bons du Trésor endossés par la Banque d’Espagne. L’affaire a été conclue en effet dans les premiers jours de septembre. On en attendait un allégement immédiat des embarras financiers du gouvernement de Madrid, et aussi une détente du change qui s’élevait alors à 14.50 pour 100 environ. C’est le contraire qui s’est produit. L’agio de l’or s’est élevé à 15 pour 100, le change à 15.50 pour 100, et l’Extérieure a reculé à 64 1/4, perdant près de deux unités depuis le commencement du mois.

Les fonds russes ont été tenus avec une remarquable fermeté et se sont avancés lentement, mais sans retour en arrière, l’emprunt