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mécanique, 44 cours de chimie, 29 cours de français et enfin 26 classes consacrées à la comptabilité industrielle.

De temps à autre, les élèves subissent des « colles » ou examens dans lesquels les professeurs ou répétiteurs les interrogent sur les matières de cinq leçons consécutives. Il est de règle que, dans le cours de ces interrogations au tableau, le savoir de l’écolier n’est jamais éprouvé que sur les questions explicitement traitées dans les cours ou sur leurs applications numériques immédiates ; en d’autres termes, jamais on ne leur donne à résoudre de ces problèmes tels qu’on en pose tant aux examens d’entrée de Saint-Cyr et de Polytechnique, surtout à ceux du premier degré[1]. Nous avons assisté à quelques-unes de ces « colles » subies par des élèves des différentes divisions dans les amphithéâtres, pendant les séances d’ateliers. Cinq jeunes gens, dont le tour n’est pas venu ou est déjà passé, pendant que leur camarade pérore au tableau, étudient les feuilles autographiées qui renferment la rédaction officielle du cours ou repassent les notes prises à l’amphithéâtre, notes qui, bien que prises au vol, sont tracées d’une écriture impeccable et accompagnées d’excellens croquis.

Trois élèves de première division défilent successivement : le premier d’entre eux, sergent-major de sa promotion, jeune homme à la figure intelligente, quoiqu’un peu fatiguée, débite à merveille, avec figures à l’appui, l’historique de la machine à vapeur ; le second, également gradé, s’exprime bien, avec le ton un peu saccadé et fiévreux que connaissent tous ceux qui ont subi ou vu subir des examens ; le troisième, de mine tout aussi intelligente, mais plus faible que ses devanciers, ânonne quelque peu, et, pour gagner du temps, dessine lentement des figures fort soignées.

Les élèves de mathématiques spéciales répètent souvent qu’élémentaire, descriptive, ou analytique, la géométrie « est l’art de raisonner juste sur des figures mal faites[2]. » Cette définition est absolument inapplicable en ce qui concerne les Arts et Métiers ; de même que leurs anciens de première division, les pensionnaires de seconde et de troisième division, exercés par l’habitude des croquis à main levée, tracent à la craie des circonférences admirables, des droites d’une rectitude mathématique. Chacun se tire

  1. Une fois reçus, les polytechniciens ne sont plus interrogés à l’École que sur les seuls principes du cours.
  2. Nous pourrions citer un excellent ingénieur des ponts et chaussées, entré dans un bon rang à l’École polytechnique, il y a vingt-cinq ans environ, qui, lors de son examen d’admission, eut beaucoup de peine, non à résoudre la question de géométrie qui lui était posée, dont il se tira à merveille, mais à parvenir à en tracer, même grossièrement, la figure.