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POESIE

I. CATHÉDRALES. — PAQUES.


Christ est ressuscité. Voici les saints miracles !
Aux feux des vieux vitraux, tout percés de soleil,
Signe de paix, le saint ciboire de vermeil
Luit, dans son éclat sombre, au fond des tabernacles.

Du pavé, tout gravé d’armes seigneuriales,
Aux voûtes de la nef où l’encens vient mourir,
On sent frémir, monter, redescendre et courir,
Les grands hymnes sacrés des vieilles cathédrales.

L’orgue, avec des frissons étranges, pleure et chante ;
Pâle, foulant sans bruit le riche tapis sourd,
Le prêtre, soulevant le Saint-Sacrement lourd,
Récite, à demi-voix, une prière lente.

Et dehors, tout en haut, les vieilles solitaires,
Les cloches au front noir, les filleules d’airain
Du Roi, notre seigneur, donateur et parrain,
Sèment, dans l’air du ciel, leurs longues notes claires…

En sorte que d’un bout de la ville et du monde,
À l’autre bout, un cri seul parte, et se réponde
Partout, disant aux gens de bonne volonté,
« Peuple, réjouis-toi, Christ est ressuscité ! »