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répète, fait son œuvre de la loi militaire, qui restait en suspens, ne pouvait s’en désintéresser, mais c’était une mauvaise plate-forme électorale. Les libéraux avaient très bien compris que c’est l’ordinaire conséquence des projets aggravant les charges militaires de ne point valoir de popularité à ceux qui les présentent et les défendent. Eux, ils n’en parlaient pas dans leur programme ou n’en parlaient que pour y faire des objections et des critiques. Le premier article de ce programme, mieux choisi pour créer un courant d’opinion et pour les porter au pouvoir, n’était autre que la réforme électorale. M. Tak van Poortvliet la réclamait expressément. Les élections de 1891 ont lieu. Les libéraux sont en majorité. Un cabinet libéral est constitué. Mais déjà l’on ne s’entend plus sur les détails. Une réforme électorale soit, mais laquelle ? L’extension du droit de suffrage, assurément, mais jusqu’où ? Le parti libéral se divise. Y a-t-il tant d’urgence à aborder cette épineuse question ? N’y a-t-il pas autre chose à faire, d’autres réformes à opérer ? Si M. Tak a sa loi politique, M. Pierson n’a-t-il pas ses projets fiscaux ? Auxquels donnera-t-on la préférence ? On se décide enfin pour la réforme des impôts qui sert à faire obstruction. C’est seulement au mois d’août dernier qu’on peut examiner le principe de la réforme électorale ; le temps passe et les amendemens sont renvoyés après le budget.

Depuis lors, M. Tak van Poortvliet a retiré son premier projet et lui en a substitué un second, ce qui rendait caducs tous les amendemens déposés. En quoi le second projet s’écarte du premier, il est assez difficile de le dire ; des explications de M. Tak il résulterait qu’il n’y a guère entre eux que des différences de rédaction ; tel paragraphe dépendait de tel article dans le premier projet, qui, dans le second, dépend de tel autre article. Les amendemens ne manquent pas plus sur le second que sur le premier de ces projets. Le travail parlementaire ne se fait pas en Hollande comme en France. Il n’y a pas de commissions spéciales. La Chambre, composée de 100 membres, est partagée en cinq sections[1]. Chacune de ces sections étudie tous les projets de loi, indistinctement, en des réunions d’un caractère tout intime, bien que, pour le bon ordre, on ait élu un président et qu’il y ait un secrétaire, pris parmi les greffiers rétribués de la Chambre. Chacune désigne un de ses membres, qui doit remettre un rapport écrit. Les présidens réunis des sections forment ce qu’on nomme la commission centrale, et c’est par leurs soins que les rapports sont communiqués au ministre directement intéressé. Le ministre, à son tour,

  1. Ces sections correspondent à nos bureaux et se forment par la voie du sort.