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Grand-Bassam. De Thiassalé, on se rendra à Lahou entre le lever et le coucher du soleil.

Il sera probablement nécessaire d’adopter pour cette navigation fluviale un type de bateaux à vapeur plus léger, calant moins que celui actuellement en usage, se rapprochant, avec la vitesse en plus, de l’embarcation indigène. Une sorte de pirogue à vapeur et à roues, qu’alimenterait le pétrole du pays et qui se mouvrait avec facilité dans les rapides, réaliserait cet idéal.

Les sentiers indigènes, avons-nous dit, sont impraticables au commerce dans leur état actuel. Mais il ne serait pas impossible non plus d’en modifier le tracé, de les débarrasser des arbres qui les obstruent, de les élargir considérablement, de leur faire contourner les collines et les marais, de leur faire aborder les rivières sur des ponceaux légers en poutrelles de fer, apportés démontés de France. L’expérience tentée à cet égard par M. l’administrateur Bricard, mort aujourd’hui, est des plus intéressantes et encourageantes. A force de diplomatie, de ténacité, de bonnes paroles, il est arrivé à faire élargir, par les indigènes et pour un prix dérisoire, de cinquante centimètres à six mètres, la route qui conduit d’Aboiso à Assikasso avec embranchement sur Attakrou, c’est-à-dire d’un développement total d’environ 250 kilomètres. Sans doute, il reste beaucoup à faire pour qu’elle devienne carrossable : telle quelle, pourtant, elle active et facilite considérablement le commerce indigène et elle constitue un précieux enseignement pour l’avenir.

Pour conduire à travers le Baoulé la colonne expéditionnaire de Kong, on avait dû également ouvrir une voie carrossable vers Toumodi et Kodiokoffi. Elle existe toujours ; convenablement entretenue, elle assurerait au Baoulé, pays déboisé où les communications sont faciles, un intérêt industriel et commercial prépondérant sur toutes les autres régions de la Côte d’Ivoire. Il faut enfin espérer que les voitures et les bêtes de somme, encore inconnues dans notre colonie, remplaceront bientôt le primitif transport à des d’homme et véhiculeront rapidement personnes et marchandises sur des chemins appropriés.

Mais la véritable voie de communication et de pénétration coloniale, celle qui créera réellement la vie commerciale et économique de la Côte d’Ivoire, c’est celle qui permettra de se transporter de Grand-Bassam à Bondoukou ou à Kong en vingt-quatre heures, c’est le chemin de fer. Tandis que les Anglais, à la Côte d’Or, poussent activement les devis de leur railway de la Volta, destiné à atteindre l’important centre commercial du Salaga, les ministères qui se succèdent en France sans se ressembler, contemplent d’un œil platonique la carte où se juxtaposent les deux