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tracés de voie ferrée proposés l’un par M. le gouverneur Binger, l’autre par le capitaine Marchand, sans parvenir à se décider entre les deux. Le projet Marchand a surtout pour but de suppléer à l’innavigabilité de certaines portions, assez considérables, du cours moyen et supérieur du Bandama. C’est donc la région du Baoulé qu’il se propose de desservir. Le tracé de M. Binger tendrait au contraire à rattacher à Grand-Bassam le bassin moyen de la Comoé et les territoires qui en dépendent géographiquement et naturellement, l’Indénié, pays de commerce ; l’Assikasso et le Bondoukou, pays de l’or. Ce chemin de fer circulerait ainsi constamment en forêt ; il serait donc d’une construction un peu plus coûteuse et plus difficile qu’une voie ferrée à travers le Baoulé pays de savane. En définitive, le projet Marchand paraît moins onéreux, le projet Binger semble d’un intérêt plus général ; c’est peut-être à ce dernier que notre modeste préférence personnelle se rallierait. Il importe en tous cas que la question, soit d’un côté, soit de l’autre, reçoive une solution rapide ; comme nous l’avons dit, l’avenir entier de notre colonie en dépend, et toutes nos hésitations et le temps perdu ne sauraient profiler qu’à nos voisins, plus prompts à la décision et plus entreprenans que nous, les Anglais.


IV

Les moyens de colonisation dont nous disposons à la Côte d’Ivoire ne diffèrent pas sensiblement de ceux que nous avons déjà expérimentés dans nos colonies antérieures, au Sénégal et au Tonkin, par exemple. Nous avons tout à l’heure indiqué le rôle prépondérant que sont appelées à jouer dans cet ordre d’idées les maisons de commerce de la côte.

La divulgation de l’existence abondante, rémunératrice de l’or, est également un moyen puissant de colonisation par l’appel latent qu’elle contient et les espérances légitimes de lucre qu’elle autorise. Si la « fièvre de l’or » a son mauvais côté, il faut bien convenir aussi qu’elle a toujours fait la prospérité rapide, magique, des pays qui en ont été la proie. Il est banal de rappeler l’exemple si connu du Transvaal. Celui de l’Arizona et de l’Australie n’est pas moins remarquable et suggestif. Aussi ne s’explique-t-on guère que M. Chautemps ait entouré d’un mystère impénétrable le rapport si intéressant du capitaine Marchand sur les richesses aurifères du Baoulé.

L’extension de la langue française, la création d’écoles nombreuses dans les milieux indigènes, sont également des facteurs précieux de la diffusion de notre influence. Bien que la langue