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déclaré prendre « une attitude cordialement expectante » à l’endroit des organisations de mineurs ébauchées par M. Weber ; et la troisième en 1895, en un certain dimanche où cette pauvre petite feuille, qui fait certes plus de bruit qu’elle ne le souhaiterait, avait développé contre le duel les lieux communs de l’enseignement sacré : M. de Stumm, duelliste, vit dans l’article un crime de lèse-majesté. Vous auriez tort, au reste, d’égarer sur ces rédacteurs sans cesse semonces une trop grande part de votre pitié ; réservez-en pour les imprimeurs, pour les aubergistes, pour la multitude de petites gens qu’un boycottage peut ruiner, et que M. de Stumm menace d’un tel châtiment s’ils publient, lisent ou laissent lire, des journaux réputés mal pensans.

Ces premières escamourches n’empêchèrent point les « pasteurs de la Sarre », réputés gens héroïques, de créer un secrétariat du peuple pour les ouvriers pro tes tans et de répandre la Hilfe. Ils furent paralysés dans cette double besogne, dès le 4 janvier 1893, par un veto formel de l’« Union de la grande industrie », dont M. de Stumm est la notabilité prééminente, a priori, toute organisation ouvrière, de quelque esprit qu’elle s’inspire, est répudiée par M. de Stumm ; il n’en admet point le principe, et prétendit interdire à l’Église évangélique de favoriser ces nouveautés. On lui céda, et l’on promit, en février, de ne plus propager la Hilfe et d’amender le secrétariat. Mais ces concessions, ou plutôt, pour nous assimiler le langage de M. de Stumm, cette fin de révolte, n’apaisèrent point le vainqueur. De lui-même, il se plaisait à ébruiter la querelle, en même temps qu’il l’élargissait.

A deux reprises, il interpella au Reichstag : le 9 janvier 1895 contre la Hilfe et les jeunes chrétiens sociaux, contre M. Weber, rendu responsable de l’évolution des cercles évangéliques de travailleurs, et d’une façon générale contre « les ecclésiastiques aveuglés » ; le 7 février contre l’enseignement social donné dans les universités, contre M. Adolphe Wagner, l’économiste unanimement respecté, et, d’une façon générale, contre les « professeurs présomptueux ». Du coup, après s’être plutôt amusée de la lutte de M. de Stumm, industriel lointain, contre des presbytères lointains eux-mêmes, l’opinion s’émut, en Allemagne, de cette double série de provocations que le haut baron, ami du souverain, dirigeait contre l’Eglise et contre la science. Passe encore d’attaquer l’Eglise ; mais défier la science au nom d’une certaine féodalité industrielle, tout comme M. Stoecker la défiait