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duits alors en France, forment un système barbare ; il y aurait désormais, après qu’il a découvert les véritables principes de la locomotion, l’un ou l’autre, une profonde ignorance ou une profonde immoralité, à vouloir persister dans les barbares constructions, et dans la fausse exploitation des chemins de fer.

Sur l’annonce des résultats promis, la compagnie des Messageries générales s’engagea, par un traité authentique, à lui payer 1 000 francs par jour, pendant dix-sept ans, à partir du jour où, réalisant ses promesses, il leur permettrait d’exploiter deux mille postes par jour, dans les conditions mathématiquement démontrées.

La compagnie mettait à sa disposition des ouvriers et des constructeurs pour les expériences et les essais. — Des expériences ! disait Wronski, des essais! à quoi bon ? mes calculs sont rigoureux, et mes principes mathématiquement démontrés. L’Institut, sur le rapport de Lagrange, a été forcé d’avouer que j’avais transformé les mathématiques. Ouvrez-moi un crédit de 1 000 francs, chez l’imprimeur, et je publierai un mémoire, après la lecture duquel aucun doute ne pourra subsister. — La compagnie insista pour des expériences et des essais, Wronski refusa, et se crut autorisé à dire, et à répéter, qu’il avait refusé de son invention 2, 3 ou 4 millions, suivant la manière dont il calculait l’escompte des 1 000 francs par jour, mis à sa disposition.

Après des tentatives infructueuses avec des mécaniciens presque aussi pauvres que lui. il s’associa avec un entrepreneur qui se disait riche, mais qui disparut quand il connut mieux l’invention. Wronski lui intenta un procès, et le perdit.

Wronski s’adressa alors aux Assemblées législatives et au ministre des travaux publics, qui le renvoya devant une commission d’inspecteurs généraux des ponts et chaussées. Les conférences durèrent plus d’un an. La commission, comme l’avait fait la compagnie des Messageries, exigeait des expériences, et voulait voir les modèles. Wronski s’en indignait. — Des expériences ! disait-il; à quoi bon ? vérifie-t-on le carré de l’hypoténuse ? Mes inventions sont mathématiquement démontrées. Des modèles ! pourquoi? probablement afin de pouvoir, par la critique facile des clous, des vis, et des autres élémens matériels qui entrent dans la fabrication des modèles, réfuter les nouvelles lois mécaniques qui constituent la réforme. — Et il ajoutait : « Il existe deux moyens pour reconnaître la vérité ; l’un par la science,