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est purement et simplement le moyen que les hommes emploient pour atteindre un certain but, il est digne de toutes les obéissances, de tous les dévouemens, de toutes les fidélités. Dès qu’il devient fin en soi, dès qu’on sacrifie au maintien de cet être de raison, de cette entité artificielle, les intérêts vitaux de la nation, quand la superstition du parti se constitue, c’est le pire des esclavages qui naît et un tel joug doit être brisé à tout prix. Assez et trop longtemps la politique de la France a été paralysée par des mots qui recouvrent simplement des appels aux plus tristes passions ou aux plus sots préjugés de l’âme humaine. Assez et trop longtemps des libéraux qui avaient cru devoir faire à la cause des libertés publiques, du régime parlementaire, du self government le sacrifice de leurs souvenirs et de leurs préférences et qui avaient contribué à fonder la République dans l’inrêt présumé de toutes ces franchises, ont consenti, au nom de la discipline républicaine, sous le prétexte des nécessités républicaines, à accepter un mot d’ordre qui leur répugne, à pratiquer une solidarité qui leur déplaît, et à ajourner des réformes ou des réparations dont l’urgence les hante. Assez et trop longtemps l’alpha et l’oméga de la vertu républicaine a consisté, d’une part, à s’interdire de toucher à ces deux ou trois lois prétendument sacrées, où l’on veut faire voir le palladium de la République et qui ne sont guère que l’insolente négation des droits de la conscience ; et, d’autre part, à s’abstenir de poser hardiment le pied dans cette voie du socialisme d’Etat conservateur qui seule peut, d’étape en étape, nous mener sans révolution à la juste société de l’avenir.

On nous interdit d’amender ou plutôt de transformer du haut en bas la loi scolaire, la loi militaire; de rédiger enfin la loi organique qui mettra en ce pays le droit d’association — fût-ce celui des congrégations religieuses — à l’abri des monstrueuses atteintes du pouvoir civil ; de rétablir le respect et la bonne volonté mutuels dans les rapports de l’Église et de l’État ; de rendre la paix aux consciences et de reprendre enfin cette œuvre vraiment salutaire de décentralisation, en dehors de laquelle la liberté, dans un pays régi par l’administration de Richelieu et de Napoléon, n’est qu’un décor et un trompe-l’œil. Tout cela, qui serait proprement l’application d’un libéralisme élémentaire, on nous le défend en tant que républicains, au nom des intérêts sacrés de la République

Quant à prendre en main la législation protectrice du travail;