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Dans sa tentative, l’idée d’un empire grec serait en puissance.

Quoi qu’il en soit, le rayonnement du génie hellénique devait, en même temps que dans les lettres, se manifester dans les arts. De ceux-ci, l’architecture avait naturellement le plus d’importance, tant à raison de son objet même, que des services qu’elle était appelée à rendre. Jusqu’alors on avait surtout élevé des temples ; et malgré de grands travaux d’ensemble tels que la reconstruction du Pirée et celle de Rhodes, le problème déjà posé et qui consistait à bâtir des villes sur un plan systématique n’était pas défini. Les architectes d’Alexandre lui donnèrent une solution. Dinocrate fit oublier ses devanciers Hippodame et Méton. Réalisant une conception à la fois pratique et grandiose, il fit d’Alexandrie d’Egypte une œuvre d’art admirable. Mais Antioche surtout servit de modèle aux villes de Syrie. Elle présentait des dispositions caractéristiques et, ce semble, souvent répétées. D’abord la circulation y était assurée et protégée contre le soleil par des portiques couverts auxquels aboutissaient les voies de communication secondaires. Puis, placés et groupés suivant les convenants politiques, religieuses et esthétiques, venaient les palais, les temples, les théâtres, les agoras, les thermes et les nymphées, tous en rapport avec la civilisation asiatique, mais ordonnés conformément aux idées de régularité et d’harmonie propres à la Grèce. Les murailles elles-mêmes étaient telles qu’elles suffisaient à illustrer l’architecte qui les avait bâties. Les maisons et les tombeaux témoignaient d’un art qui n’avait pas eu de précédent.

Ces détails ne sont pas inutiles. Les dispositions dont je viens de donner une idée se retrouvent à Palmyre ; et bien qu’elles ne permettent pas d’assigner une date précise à la construction de la ville, elles sont cependant de nature à jeter quelque lumière sur ses origines. L’épigraphie peut aussi nous servir à les éclairer.. Les inscriptions sont toujours datées de l’ère des Séleucides, soit de l’an 312 avant Jésus-Christ ; elles nous offrent donc une chronologie certaine. Et s’il n’y en a, jusqu’ici, qu’une seule qui soit antérieure à notre ère, il en est un grand nombre du Ier et du IIe siècle. Les dernières, celles du IIIe siècle, vont jusqu’à la chute de Palmyre. A partir de là elles s’arrêtent. Dans le nombre, les. unes sont gravées sur des colonnes ou sur les consoles qui tiennent à leur fût ; d’autres se lisent sur des bases, sur des piédestaux, sur des autels ; d’autres encore au frontispice des monumens funéraires. Généralement, l’architecture sur laquelle elles