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CHATEAUBRIAND
ET
LA GUERRE D’ESPAGNE

I
LES CONFÉRENCES DE VIENNE ET LE CONGRÈS DE VÉRONE

On s’accorde généralement à reconnaître aujourd’hui, même parmi les personnes hostiles au principe et au gouvernement de la Restauration, que sa politique extérieure fut bienfaisante pour la France. Dans la première partie de ces quinze années, les hommes qui la dirigèrent réussirent à libérer le territoire national deux ans plus tôt que les traités de 1815 ne l’avaient fixé, et à diminuer par des concessions successives le fardeau de l’occupation étrangère. Le nom du duc de Richelieu demeure attaché à la conservation de quelques-unes de nos provinces, que son aïeul, le grand cardinal, avait eu l’honneur d’annexer à la France. C’étaient les seules épaves que nous pouvions espérer de conserver après le naufrage du premier Empire. Mais, du moins, si nous devions renoncer aux rêves d’une gloire immense et trop rapide pour être durable, la Royauté restaurée avait le droit de dire qu’elle retrouvait sans amoindrissement le territoire légué au pays par ses ancêtres.

Cette grande œuvre accomplie, l’ère des difficultés les plus sérieuses commençait. Il s’agissait de gouverner avec et contre