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soit à raison d’une similitude naturelle, soit par suite des encouragemens des Hollandais, beaucoup de particularités de la vie javanaise rappellent celles de la vie japonaise. De même que l’abdication est chose commune dans les mœurs japonaises, de même à Java les régens et les chefs indigènes, parvenus au seuil de la vieillesse, aiment à se décharger des soucis du pouvoir en faveur d’un fils ou de quelque autre membre de leur famille. Le régent en retraite entre alors dans le Landraad, et conserve ainsi un rang élevé.

Une des plus intéressantes caractéristiques de la politique hollandaise, c’est la sagesse avec laquelle elle a su respecter l’importance que les indigènes attachent au rang et à la pompe. La première clause à laquelle doit se soumettre le régent en prêtant serment, c’est celle par laquelle il s’engage expressément à observer les décrets relatifs à ces questions spéciales et à traiter les indigènes suivant leur rang. Le Hollandais ne professe pas, sous ce rapport, le mépris qu’affectent l’Anglais et le Français. Il admet qu’on puisse envisager les idées des indigènes, non du point de vue européen, mais du point de vue indigène ; il reconnaît officiellement l’importance de ces questions, et il en laisse sagement la réglementation aux indigènes eux-mêmes.

Parallèlement à la hiérarchie des fonctionnaires européens, il y a toute une hiérarchie de fonctionnaires indigènes. De même que le résident a sous ses ordres des assistans-résidens et des contrôleurs, le régent a pour subordonnés des wedonos, des assistans-wedonos, et des mantries. Chaque régence est divisée en districts. qui sont administrés par un wedono. Ce chef de district est, comme le régent, un indigène de haute famille, et il est, comme lui, salarié par le gouvernement ; mais il est choisi par la communauté indigène, sous l’approbation du résident. Il est chargé de la police du district et exécute les ordres du régent ; il préside la cour de district ; chaque mois il accompagne, dans sa tournée d’inspection, le contrôleur, qui lui signale les améliorations à faire. Le wedono est assisté par des chefs qui portent le titre de mantries, et qu’il choisit lui-même parmi les jeunes gens des meilleures familles, même parmi les propres fils du régent. Le mantrie demeure dans la maison du wedono, qui peut l’envoyer à toute heure du jour ou de la nuit vers le lieu qu’il lui désignera, pour exécuter telle ou telle mesure prescrite par le contrôleur. Faut-il remplir un message, prendre un renseignement, surveiller un travail,