Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 144.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à raison du cours établi chaque année, et qui s’élevait en moyenne à environ 25 florins le picol. Les trois cinquièmes restans de la récolte demeuraient la propriété des cultivateurs, qui en avaient la libre disposition. Toutefois le gouvernement, pour se faire remettre la récolte entière, s’obligeait à payer, suivant le même cours établi, le prix de chaque picol de café de première qualité qui serait transporté à la côte, nettoyé et trié[1].

Ce système, qui devait faire affluer dans les mains du gouvernement une énorme production de café, aboutit à un insuccès complet, par suite de l’oubli d’une petite question de détail. Le gouvernement, à la vérité, reçut la totalité de la faible production de calé récolté dans le voisinage des magasins établis à la côte, mais il ne reçut qu’une petite portion, bien inférieure aux deux cinquièmes, de la production bien plus considérable de l’intérieur. C’est que, en dépit des excellentes routes dont le maréchal avait sillonné l’île, les villages situés dans les montagnes étaient privés de communications avec les routes, ou ne disposaient pas de moyens de transport pour véhiculer à de grandes distances de lourdes charges de café ; il s’ensuivait que le café était acheté sur place, à vil prix, par le premier venu, ou échangé pour la moitié ou le tiers de son poids contre du sel, dont le gouvernement monopolisait la vente. Le gouvernement ne recevait donc qu’une petite portion de la récolte, dont la plus grande partie était expédiée en Europe par les acheteurs particuliers, qui ne prenaient pas soin de le nettoyer et de le trier. La mauvaise réputation qu’acquit ainsi le café de Java sur le marché européen affecta le prix du café du gouvernement. D’autre part, les villages de l’intérieur retiraient du café un si maigre profit, qu’ils en négligeaient la culture. Aussi le système fut-il abandonné sous la domination anglaise, et les villageois, n’étant plus obligés de cultiver du café, revinrent à leurs anciennes cultures, mieux appropriées à leurs besoins[2].

Les Anglais introduisirent à Java un système conforme aux idées modernes ; mais ces idées n’étaient guère praticables dans un état de société analogue à celui de l’Europe au moyen âge. Quand les Hollandais eurent récupéré Java des mains des Anglais, ils revinrent au système antérieur et s’en trouvèrent bien pendant les premières années. De 1817 à 1824, le revenu laissa toujours

  1. J. Money, Java, or how to manage a colony.
  2. J. Money, Java, etc.