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dehors, en même temps qu’elles s’appliquent à favoriser le développement de l’industrie nationale. Le moment viendra sans doute où une plus juste appréciation de l’intérêt du pays amènera une modification de la législation, et ouvrira plus librement l’accès des bourses aux valeurs qui ont trouvé déjà leur chemin dans les portefeuilles. Mais dès aujourd’hui l’impulsion est assez puissante pour produire les résultats dont nous avons essayé de donner une idée plus haut. Quand l’énergie des individus et des compagnies est aussi intense que celle dont nous devons admirer et quelque peu envier les effets, elle arrive à son but, en dépit des entraves de lois rétrogrades.

Ce n’est pas une raison pour approuver, ni surtout pour chercher à imiter ces lois. Nous résisterions moins bien que nos voisins à des réglementations du genre de celles dont on nous menace de temps à autre. Nous pouvons dès aujourd’hui citer l’Autriche-Hongrie, qui vient d’établir une législation nouvelle hostile à la bourse : les affaires sont mortes sur la place de Vienne, et nous ne pensons pas que la fondation d’une Banque municipale, dernière conception du Dr Lueger, soit destinée à les faire revivre. C’est en nous tournant vers d’autres régions, comme File anglo-saxonne, que nous trouverons des modèles à imiter. L’exemple des Anglais nous apprendrait ce que la liberté peut, ici comme partout, et nous montrerait l’essor merveilleux d’un marché affranchi de toute intervention de l’État, dont les règles n’émanent que du consentement des intéressés, et qui d’ailleurs n’obtient de crédit qu’à cause des garanties qu’il fournit et des lois qu’il s’impose. L’Allemagne, par d’autres côtés, nous doit, elle aussi, servir d’enseignement. Nous ne sommes pas de ceux que le succès des autres abat et décourage. Un pays, comme un individu, doit regarder attentivement ceux qui réussissent et se demander pourquoi ils réussissent : il est aussi dangereux de tout admirer chez autrui que de ne rien vouloir connaître de ce qui se fait au dehors. Il faut s’attacher à démêler les véritables causes des triomphes constatés. Ce premier travail fait, un second reste à accomplir, qui n’est ni moins délicat ni moins difficile : étudier les différences de caractère, de tempérament, d’état social, qui font que telle méthode, excellente au delà du Rhin, peut ne rien valoir en deçà.

Mais une vérité évidente, indépendante de toutes les circonstances particulières, est que l’énergie et l’initiative sont des qualités