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mais le groupement obligatoire des industriels en corporations syndicales les a habitués à se rapprocher et examiner en commun les questions qui les intéressent, a facilité la conclusion des accords si fréquemment usités aujourd’hui pour régulariser la production et la vente, et a, de cette façon indirecte, contribué aux progrès des diverses industries. C’est donc en réalité ce groupement volontaire, et non pas le lien imposé par la loi, qui a donné de bons résultats. Les autres lois sur l’assurance obligatoire et la caisse de retraites sont au contraire l’objet de très vives critiques.

Avant de chercher à dégager les conclusions de l’examen auquel nous nous sommes livré, nous pensons qu’il sera intéressant de considérer l’industrie allemande dans ses rapports avec l’un de ses principaux acheteurs étrangers, nous voulons parler des États-Unis de l’Amérique du Nord. Une occasion toute naturelle se présente de le faire, puisque le nouveau tarif voté par le Congrès de Washington en 1897 et connu sous le nom de tarif Dingley a, sur bien des points, modifié et parfois bouleversé les droits d’importation, tels qu’ils existaient antérieurement. Un journal allemand, qui jouit en matière économique d’une haute autorité, la Frankfurter Zeitung, s’est livré à une enquête auprès des intéressés afin de chercher à se rendre compte des effets probables de cette nouvelle législation ; en voici les principaux résultats :

Le district de Barmen ne s’attend pas à une modification essentielle dans ses exportations d’articles de mode, en particulier dans ses dentelles faites à la mécanique ; celles de boutons ont diminué depuis longtemps au point de ne pouvoir tomber plus bas. Il en est de même pour les fabriques de drap de Lennep et Hückeswagen, qui avaient déjà vu leurs exportations réduites à presque rien par le tarif Mac-Kinley de 1890. Les industries des fers de Remscheid et de coutellerie à Solingen sont très atteintes : seule, l’exportation des ciseaux a chance de se maintenir, si la fabrication continue à s’en faire à bien meilleur compte qu’en France et en Angleterre.

Les étoiles pour cravates, de Crefeld, ne sont frappées que de 5 pour 100 de plus qu’auparavant ; mais les douanes américaines seront désormais beaucoup plus sévères au point de vue de la déclaration de valeur, pour laquelle il n’est accordé qu’une marge de 5 au lieu de 10 pour 100. D’autre part, les Américains s’efforcent