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REVUES ÉTRANGÈRES

LA CORRESPONDANCE
D’UN PRÉRAPHAÉLITE ANGLAIS

Letters of Dante Gabriel Rossetti to William Allingham (1851-1870) by G. Birkbeck Hill, 1 vol. in-8o, Londres, Fisher Unwin[1].


Thomas Carlyle racontait un jour au poète Allingham une entrevue qu’il venait d’avoir avec la reine Victoria, dans le salon du doyen de Westminster : « La reine est entrée dans le salon en glissant », disait-il ; « En glissant comme sur des roulettes », se permit d’ajouter son ami ; sur quoi Carlyle, l’interrompant d’un air bourru : « Non, pas du tout, Allingham, vous n’y êtes pas le moins du monde ! » Mais, quelques jours après, Allingham l’entendit qui disait à Lecky : « La reine est entrée dans le salon en glissant comme sur des roulettes. » Et pas une fois depuis lors il ne manqua d’employer cette formule, pour le récit de son entrevue.

C’était un homme bizarre, et qui se complaisait dans sa bizarrerie. Rencontrant le philosophe Georges Lewes, qui publiait alors une série d’articles sur Auguste Comte : — Eh bien ! lui dit-il, et ces articles sur le positivisme, est-ce qu’ils ne vont pas bientôt finir ? — Je puis vous assurer qu’ils font une grande impression à Oxford, répliqua Lewes. — Ah ! vraiment ? Pour ma part je me garde bien d’y mettre le nez : c’est pour moi du papier perdu. J’ai essayé une fois de savoir ce qui en

  1. Sur Dante Gabriel Rossetti, voyez, dans la Revue du 1er octobre 1894, l’étude de M. de la Sizeranne : la Peinture anglaise contemporaine ; I. Les Origines préraphaélites.