Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 150.djvu/106

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la porte par où doit entrer la jeune reine, et par où, seule, elle peut passer, avec les membres des deux Chambres.

Elle entre tout à coup, dans un rayon de soleil, précédée du glaive et de l’étendard. Un jour plus intense, violet et rose, embrase la nef : par une délicate pensée, à la minute même où elle entrait, on vient d’écarter le voile dont était recouverte la grande verrière que le conseil de l’Eglise a voulu vouer au souvenir du couronnement. — Elle est entrée et elle parle ; elle dit :


Messieurs les membres des États-Généraux,

Encore jeune, Dieu m’a déjà appelée, par la mort de mon inoubliable père, au trône où je suis montée sous la régence si sage et si riche en bienfaits de ma mère profondément aimée.

Ayant accompli ma dix-huitième année, j’ai pris en main les rênes du gouvernement ; ma proclamation l’a appris à mon cher peuple.

A présent, le moment est venu où, au milieu de mes fidèles Etats-Généraux, et sous l’invocation du nom sacré de Dieu, je m’engagerai envers le peuple néerlandais à maintenir ses droits et ses libertés les plus chères.

Ainsi je confirme aujourd’hui le lien étroit qui existe entre moi et mon peuple, et l’ancienne alliance entre la Néerlande et la maison d’Orange est de nouveau scellée.

Haute est ma mission, belle la tâche que Dieu a mise sur mes épaules. Je suis heureuse et reconnaissante de pouvoir régner sur le peuple de Néerlande, un peuple petit par le nombre, mais grand par ses vertus, fort par sa nature et par son caractère.

J’estime que c’est un grand privilège pour moi d’avoir pour tâche de ma vie et pour devoir de consacrer toutes mes forces au bien-être et à la prospérité de ma chère patrie. Je rends miennes les paroles de mon père bien-aimé : « La maison d’Orange ne peut jamais, non jamais, faire assez pour la Néerlande. »

J’ai besoin de votre assistance et de votre concours pour l’accomplissement de ma tâche, Messieurs les représentans du peuple. Je suis convaincue que vous me l’accorderez largement.

Travaillons ensemble pour le bonheur et la prospérité du peuple néerlandais. Que tel soit le but commun de notre vie !

Que Dieu bénisse votre travail et le mien, et qu’il serve au salut de notre Patrie !


Alors, lentement, la Heine étend le bras et prononce, presque syllabe à syllabe, la formule constitutionnelle :


Je jure au Peuple néerlandais d’observer et de maintenir toujours la Loi fondamentale.

Je jure de défendre et de conserver de tout mon pouvoir l’indépendance et le territoire du royaume ; de protéger la liberté publique et