Disposée en amphithéâtre au bord du golfe ligurien, environnée de villas verdoyantes qui s’élèvent en étages autour de son enceinte, Gênes, avec ses palais, ses portiques, ses églises innombrables, est, parmi les grandes villes d’Italie, sinon l’une des plus belles, au moins l’une des plus riches et des plus pittoresques. L’étranger qui la visite ressent une impression profonde lorsque, au sortir du labyrinthe de ruelles, étroites et sombres, qui donnent aux vieux quartiers un aspect oriental, s’ouvrent brusquement devant lui les voies larges et claires percées au XVIe siècle, bordées à perte de vue de somptueux édifices. La plus spacieuse de ces rues est la via Nuova, aujourd’hui via Garibaldi, et la longue suite de palais dont elle s’enorgueillit raconte éloquemment la glorieuse histoire de la ville. Ce sont les palais Spinola, Doria. Adorno, Cataldi, l’admirable palais des Doges, maintenant municipal ; c’est enfin, célèbre entre tous par ses nobles proportions comme par les merveilles qu’il renferme, le Palazzo rosso, le Palais rouge, qui tire son nom de la couleur des marbres de sa façade. Là vécurent, pendant des siècles, les membres d’une des plus illustres familles de la république, les Bri-gnole-Sale, dont la dernière descendante[2], morte il y a quelques