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UN DOCUMENT INÉDIT
SUR LA
PERIODE NAPOLEONIENNE[1]

Depuis quelques années, le public français manifeste un goût très vif pour les souvenirs de la première partie de ce siècle : l’amour-propre national cherche dans le passé les satisfactions que lui refuse le temps présent. À ce goût, joint au penchant moderne pour les témoignages contemporains des événemens, nous devons la publication récente de nombreux mémoires sur la période napoléonienne. C’est un nouveau document de ce genre dont nous donnons la primeur aux lecteurs de la Revue. Il emprunte un intérêt particulier à son origine et à l’époque à laquelle il se rapporte.

On sait que les Bourbons exilés n’avaient jamais cessé d’entretenir des intelligences en France. Dans ses lointaines retraites de Mittau et de Varsovie, Louis XVIII était renseigné jour par jour, par ses correspondans, sur ce qui se passait à Paris. Ce sont les relations de ces correspondans, pendant les années 1802 et 1803, dont nous donnons ici d’importans extraits. Les correspondances figurent parmi les papiers personnels que le Roi déposa aux archives du ministère des Affaires Etrangères, à son retour de Gand. Leur authenticité n’est donc pas douteuse. Quels en sont les auteurs? Il n’est pas possible de répondre catégoriquement à cette question. Les lettres ne portent aucune signature et leurs auteurs ne sont nommés nulle part, ni dans la correspondance,

  1. Les fragmens qu’on va lire sont extraits des Relations secrètes des agens du Comte de Provence à Paris sous le Consulat, qui seront publiées prochainement sous ce titre : Bonaparte et Louis XVIII à la librairie Pion et Nourrit.
    Afin de laisser au tete toute la place dont nous pouvons disposer, nous avons dû sacrifier les nombreuses annotations dont l’ouvrage est enrichi.