Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 153.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
REVUE SCIENTIFIQUE

LA TÉLÉGRAPHIE SANS FIL

La télégraphie sans fil n’est plus seulement une curiosité scientifique, une très remarquable expérience de laboratoire : la voici qui entre dans la pratique. Une Compagnie, Wireless Telegraphy C°, s’est fondée à Londres pour l’exploitation industrielle du système Marconi. Les derniers essais de communication entre la France et l’Angleterre, à travers le détroit du Pas de Calais, ont eu un succès retentissant. Des dépêches ont été échangées, d’un rivage à l’autre, entre deux postes distans de 60 kilomètres. Le poste anglais est établi près de Douvres, au cap de South-Foreland ; le poste français est à Wimereux, au chalet d’Artois. Toutes les manipulations s’exécutent dans la maison du phare de Foreland et dans le chalet : tous les appareils y sont renfermés et fonctionnent portes et fenêtres closes. Rien n’en décèlerait extérieurement l’existence, si un fil ne rehait chacun de ces postes à une sorte de haut paratonnerre établi dans leur voisinage : c’est par cette tige nommée antenne, par comparaison avec l’organe explorateur qui surmonte la tête des insectes, que les ondes électriques sont envoyées ou recueillies. Ces ondes cheminent à travers l’espace dispersées dans toutes les directions ; mais le principal faisceau s’échappe par la pointe en s’étalant dans le plan perpendiculaire à la flèche du paratonnerre, et c’est lui qui établit la communication. À Wimereux, sur la plage, en avant du chalet, on voit se dresser un mât de 54 mètres de hauteur, fortement maintenu par des haubans ; une flèche le termine ; c’est l’antenne.