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I

Ce monde ambiant, où toute créature lutte éternellement pour son existence, est pour l’homme une source de misères, de privations et de malheurs, mais en même temps, et dans une plus large mesure encore, de bien-être et de jouissance. Il offre à l’homme tout ce qui est nécessaire à la préservation et à la conservation de la santé et de la vie.

La lutte pour la vie, elle-même, implique certaines tendances instinctives pour ainsi dire, appropriées à la défense de l’organisme contre les influences nocives, et c’est pourquoi les mesures hygiéniques primitives sont aussi anciennes que le monde même.

Le sentiment que les forces de la nature sont gardiennes de la santé et libératrices des maux remonte très loin dans le passé. C’est d’abord le soleil. Avicenne, le célèbre médecin philosophe arabe, enseignait, il y a neuf siècles, que les hommes qui s’exposent aux rayons du soleil en se livrant à des exercices physiques de plein air se prémunissent contre les maladies. Pline le jeune, décrivant la vie d’un citoyen romain, nous apprend que celui-ci, deux fois par jour, se promenait sur le toit de sa maison, et s’y exposait nu aux ardeurs du soleil. On sait qu’à Rome les terrasses des maisons étaient disposées en solaria où les habitans venaient prendre des bains de soleil. D’après le témoignage de Platon, l’application thérapeutique des rayons solaires était également en usage en Grèce. Aristote fait remarquer que l’air et l’eau sont de tous les élémens ceux dont le corps humain a le plus besoin et le plus souvent ; et c’est à eux qu’est dévolue l’influence la plus marquée sur la santé. Enfin Galien, au second siècle de notre ère, recommande le changement de climat pour la guérison de la phtisie ; et lui-même il envoyait les malades en Egypte, dans la Lybie ou sur la côte du golfe de Naples ; le voyage par mer devait avoir de son côté la plus salutaire influence.

« Dove e il sol, no e il medico : là où il y a du soleil, pas n’est besoin de médecin », dit un proverbe populaire italien, plein de sens et de vérité. Effectivement, le soleil et la lumière constituent dans le monde organique l’excitant tout-puissant de la vie.

La lumière, la lumière solaire surtout, exerce l’action la plus marquée sur le développement du corps en totalité et sur celui des différens organes chez les animaux comme chez les végétaux.