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LES CARLISTES
SOUVENIRS DE LA FRONTIÈRE


I

Au milieu des cruelles épreuves que traverse l’Espagne, on s’est demandé si la question carliste, assoupie depuis vingt ans, n’allait pas se réveiller. La dernière prise d’armes de Don Carlos fut puissamment secondée par la désorganisation dans laquelle les gouvernemens révolutionnaires qui s’étaient succédé après la chute de la reine Isabelle avaient jeté l’armée espagnole. Les défections de l’armée régulière fournirent alors aux carlistes les cadres qui leur manquaient. Des cadres aussi solides, en retrouveraient-ils aujourd’hui ? C’est une question qu’il ne nous appartient ni de résoudre, ni même de poser. Mais, puisque l’attention publique est de nouveau sollicitée par Don Carlos et ses partisans, il me paraît qu’il peut y avoir quelque intérêt à donner une idée de ce que fut la dernière guerre carliste, en racontant ce que j’ai pu personnellement en voir et en savoir, du poste d’observation particulièrement favorable où j’étais placé. Mais, au préalable, quelques mots d’explication sur l’origine et les débuts de la guerre ne seront peut-être pas inutiles.

C’est en 1872 que Don Carlos prit les armes pour revendiquer les droits au trône d’Espagne qu’il prétend tenir de sa naissance. On connaît le point de départ de ces prétentions. La succession des femmes à la couronne avait été admise par le droit public espagnol jusqu’au jour où les Bourbons, en montant sur le trône d’Espagne, y apportèrent la loi salique, qui était celle de leur