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mouvement des voyageurs et des marchandises sur les 15 940 kilomètres de voies ferrées qui sillonnent l’Autriche : lequel mouvement se traduit en gros, pour les voyageurs, par un déplacement annuel de 95 à 100 millions de personnes, et, pour les marchandises, par un trafic d’environ 90 millions de tonnes[1]. Elle s’affirme, en outre, par une circulation postale et télégraphique particulièrement abondante dans les provinces du nord et de l’ouest, dans la Basse-Autriche, la Haute-Autriche et Salzbourg, la Bohême, la Moravie et la Silésie, la Styrie, le Tyrol et le Vorarlberg, le Küstenland ; et l’ordre dans lequel ces provinces se classent peut bien changer selon qu’il s’agit de lettres, d’imprimés et échantillons, de journaux ou de valeurs, mais toujours elles viennent en tête, laissant loin derrière elles les pays du sud et de l’est[2], et prouvant par-là encore que c’est en elles que la vie est le plus développée.

Car ce n’est pas une terre nue sur laquelle la grande Allemagne poserait et fermerait sa main jalouse, mais une terre outillée, armée, ou, si on l’osait dire, « armaturée. » Ce ne sont pas des populations qui seraient ce qu’elles sont et resteraient ce qu’elles seraient que la grande Allemagne s’annexerait comme un caput mortuum, mais des populations vivantes et travaillantes, croissantes et multipliantes.

Des dix-sept provinces dont se compose l’Autriche actuelle, il en est, à la vérité, où la plante humaine est plus épaisse, et, par exemple, les pays pauvres de l’est et du nord-est, la Bukowine et la Galicie, qui, en beaucoup d’endroits, ne portent pas moins de 80 à 100, à 120 et même 150 habitans par kilomètre carré. Mais cette moyenne très élevée se retrouve dans toute la partie septentrionale des hypothétiques conquêtes de la future grande Allemagne, en Silésie, en Bohême, en Moravie, au centre aussi dans la Haute-Autriche vers Linz, comme dans la Basse-Autriche autour de Vienne, et au sud encore, en Styrie, vers Graz. Bien plus, elle est dépassée, c’est-à-dire que l’on compte au-delà de 150 habitans par kilomètre carré, non-seulement dans les grandes villes comme Vienne et Prague avec leurs environs immédiats, leurs banlieues, mais sur cinq ou six points de la Bohême, autour [3]

  1. Hickmann, Statistischer Atlas, tableau 26.
  2. Sauf pour les télégrammes, où la Dalmatie s’avance au troisième rang : mais la Galicie et la Bukowine restent toujours au dernier.
  3. L’excédent des naissances sur les décès, qui, pour l’Autriche entière, s’exprime par une moyenne de 11 pour 1000, monte en effet à 14 pour 1000 en Galicie, à 18 pour 1 000 en Bukowine.