Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 156.djvu/256

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Trautenau, de Reichenberg, de Leitmeritz, de Pilsen et de Kuttenberg, en Moravie autour de Brünn, en Basse-Autriche à Wiener-Neustadt.

Or, de ces huit ou neuf points surpeuplés, six ou sept sont situés dans la sphère allemande. Et si la plante humaine est ailleurs plus serrée qu’elle ne l’est généralement dans ces provinces occidentales, si elle est ailleurs plus féconde, toujours dans les pays pauvres de l’est, en Bukowine et en Galicie, nulle part, en revanche, elle n’est plus résistante ; nulle part, en Autriche, elle ne dure plus que dans le Tyrol et le Vorarlberg, la Basse-Autriche, la Carinthie, Salzbourg, la Styrie, où, sur 1 000 personnes qui meurent, il y en a de 315 à 365 qui ont vécu plus de soixante ans, tandis qu’en Galicie et en Bukowine, il n’y en a que de 115 à 155, reprise de la mort sur la vie, par la misère ; — car il semble que la misère soit la régulatrice de la vie parmi les sociétés et que, lorsqu’elle a semé trop dru, elle éclaircisse.

D’autres indications, du reste, concordent à montrer que c’est bien dans les provinces occidentales, dans les futures acquisitions allemandes, si de l’hypothèse sortait un jour le fait, que le bien-être est le plus répandu. Il n’est pas jusqu’à la répartition de l’impôt qui ne puisse en porter témoignage, puisque enfin il faut toujours qu’il y ait une certaine proportion entre les charges et les facultés des contribuables : or, chaque habitant de la Basse-Autriche (y compris Vienne) paie une moyenne annuelle de 19 florins 6 ; l’habitant de la Basse-Au triche et de Salzbourg, 10 florins 6 ; celui de la Bohême, de la Moravie et de la Silésie, 9 florins ; et ainsi de suite, en diminuant, jusqu’à l’habitant de la Galicie et de la Bukowine, qui ne paie que 3 florins 7.

Pour les impôts indirects, observation identique, mais autrement significative, parce qu’en ce qui concerne la plupart de ces impôts, chacun, étant le juge de ses moyens et le maître de sa propre consommation, se taxe en quelque sorte lui-même ; et que, par conséquent, là aussi, il y a toujours une relation, et souvent même plus étroite, entre les facultés du contribuable et ses charges. Or, chaque habitant de la Basse-Autriche (y compris Vienne) paie, de ce chef, une moyenne annuelle de 28 florins 6 ; l’habitant de la Moravie et de la Silésie, plus de 14 florins ; celui de la Bohême plus de 13 florins ; et ainsi de suite, en descendant, jusqu’à l’habitant de la Galicie et de la Bukowine, qui ne paie guère plus de 5 florins.