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75 francs, tandis qu’un Anglais n’en paie guère que 60 ; notre charge est deux fois et demie celle qu’acquitte un Belge ou un Prussien, qui ne paie à l’Empire et à la Prusse qu’environ 30 francs ; elle est presque double de ce que paient l’Autrichien et le Hollandais (44 francs).

On notera que, pour nos colonies, nous dépensons 2 fr. 10 et leur vendons des marchandises pour 3 francs par tête de Français. L’Angleterre dépense pour les siennes 1 fr. 10 et leur vend pour 46 francs.

Tel est le bilan des charges que nous supportons. Tel est le résultat de l’analyse des chiffres alignés dans les volumes du budget : l’étude en est féconde pour le financier et surtout pour le sociologue, préoccupé de discerner, dans l’organisation des États modernes, la croissance souvent excessive des services publics. Jadis le prince ou, pour employer l’expression plus générale, la Couronne, avait des terres dont les revenus subvenaient en partie aux dépenses publiques, confondues dans une certaine mesure avec celles du souverain. Les forêts domaniales sont, en France, le vestige le plus considérable de cette sorte de propriété publique. Aujourd’hui, le domaine de l’Etat comprend, non seulement des bâtimens, des routes, des cours d’eau, mais des lignes télégraphiques et téléphoniques, des réseaux de chemins de fer, qui sont exploités dans l’intérêt de tous, de façon cependant à laisser un excédent de recettes qui vient accroître les ressources budgétaires. La Prusse retire de l’exploitation de ses voies ferrées une somme plus que suffisante pour payer l’intérêt de sa dette. La France, vers le milieu du vingtième siècle, sera mise en possession de plus de 40 000 kilomètres de chemins de fer, dont elle est d’ores et déjà nu propriétaire, et qui pourront lui fournir un revenu considérable. Deux solutions s’offriront alors à nous : ou bien nous appliquerons cette rentrée annuelle à dégrever d’autant nos impôts, ou bien nous la consacrerons au rachat graduel de notre dette. Mais il ne faut pas croire que ce sera une tâche aisée, pour le ministre des Finances de l’an 1950, de conserver la totalité des recettes qui rentreront dans ses caisses, à-titre d’excédent de produit des chemins de fer. Ceux-ci, une fois achevé le remboursement de leurs obligations et de leurs actions, devraient, si des événemens imprévus n’ont pas d’ici, là modifié la face du monde et les relations économiques, fournir plusieurs centaines de millions de revenu annuel. Mais que de réclamations