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sensiblement, sauf circonstances imprévues, de ce qui a été inscrit au budget ; les besoins des services sont connus à l’avance et il est relativement facile de se tenir dans les limites fixées. Les recettes, au contraire, présentent une incertitude beaucoup plus grande ; pour la majeure partie, elles ne dépendent pas de l’action gouvernementale. Seuls nos impôts, dits de répartition, offrent à cet égard une certitude quasi mathématique : la loi spéciale, relative aux contributions directes, établit en effet la somme globale que la France doit payer du chef de la contribution foncière de la propriété non bâtie, de la contribution personnelle mobilière, de la contribution des portes et fenêtres. Les conseils généraux votent, pour chaque département, la somme qu’il doit fournir, et la répartition se fait ensuite dans chaque commune. Sauf les insolvabilités de certains contribuables, pour faire face auxquelles une provision est d’ailleurs inscrite au budget sous la rubrique de non-valeurs, la rentrée dans les caisses de l’Etat est donc, pour cette catégorie de recettes, égale aux prévisions. Mais les produits de l’enregistrement dépendent du nombre d’actes passés dans l’année ; ceux des douanes, du mouvement commercial ; ceux des contributions indirectes, de la consommation des boissons et autres produits imposés ; ceux des monopoles et exploitations de l’Etat, de la quantité de ventes effectuées ; ceux du domaine de l’État sont eux-mêmes soumis à certains aléas. Toute cette partie des recettes publiques, — et elle en est de beaucoup la plus importante, puisqu’elle en représente à peu près les cinq sixièmes, — est susceptible de varier dans de grandes proportions : l’expérience acquise permet d’en établir la prévision avec une approximation déjà très remarquable ; mais la quantité des récoltes et, d’une façon générale, l’état économique du pays, ne peuvent pas ne pas avoir ici une influence considérable sur les recettes publiques. Pour en donner une idée, rappelons que le droit d’entrée sur les blés est de 7 francs par quintal métrique. Que la France produise 100 millions de quintaux, comme l’année dernière, et elle n’importe rien. Qu’elle ait au contraire un déficit de 10 millions de quintaux, qui amène une importation d’égale quantité, et voici 70 millions que le Trésor encaissera aux ports d’arrivée des blés américains ou autres. La prospérité agricole de notre pays, l’esprit d’épargne de ses habitans, l’activité générale des affaires dans le monde, qui a toujours, par des voies parfois très détournées, son