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et est descendu au-dessous du milliard, grâce à un certain nombre d’exercices qui se sont clos avec un excédent de recettes. On peut résumer la situation du Trésor en disant que, si ses créanciers lui réclamaient sa dette, il aurait à se retourner vers l’État, qui, à son tour, devrait emprunter à peu près 1400 millions pour liquider cette situation. Mais la plupart des sommes sont dues en vertu de cautionnemens non exigibles et de comptes courans de la Caisse de dépôts et consignations qui, en général, se maintiennent à un niveau constant. D’autre part, le chiffre des bons du Trésor en circulation est modéré et ne dépasse pas le niveau normal auquel les besoins courans de la trésorerie proprement dite semblent devoir le maintenir. Si même nous ajoutions à la Dette flottante le solde non compris dans les comptes spéciaux, l’avance de 180 millions consentie sans intérêt à l’État par la Banque de France et qui n’est exigible qu’à l’expiration du privilège de cet établissement, nous pourrions la compenser avec le compte courant du gouvernement à la Banque de France, qui est presque constamment créancier de plus de 180 millions. La question de savoir si et comment devrait être réduite la dette flottante nous entraînerait au-delà du cadre de cette étude. Il était seulement nécessaire de ne pas laisser dans l’ombre le côté « caisse » de nos finances, dont le budget représente le bilan, et de montrer les rapports qui les lient l’un à l’autre.


V

Le budget, c’est-à-dire, pour le prendre dans son acception la plus générale, ce compte annuel de chaque nation qui embrasse l’ensemble des ressources affectées aux innombrables services qu’assure l’État moderne, donne, à qui sait le lire, un résumé de la situation d’un pays. Aussi bien dans les États autocrates comme la Russie que dans une République fédérale comme celle des États-Unis, où la plupart des fonctionnaires, depuis les moindres officiers municipaux jusqu’au Président de la République, sont élus et soumis à de fréquentes réélections, la vie financière, reflet et dans bien des cas principe de la vie économique, joue un rôle prépondérant. Son importance est telle que le ministre des Finances du tsar fait tous les ans, comme ses collègues des pays parlementaires, son exposé budgétaire, avec cette seule différence qu’il est adressé par écrit à l’Empereur, au lieu d’être lu à la tribune de