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plus importante, est celui des colonies : comment administrer celles que nous avons ? Convient-il de rêver encore l’extension de notre domaine africain, asiatique et australasien ? Devons-nous, ici aussi, nous laisser entraîner par l’exemple d’autres nations, sont les destinées en ce monde et le rôle sont différens des nôtres, ou ne faut-il pas plutôt chercher notre voie propre, de façon à ménager nos deniers et à ne point éparpiller nos forces ? C’est à la lumière de ces études préalables que devront se poursuivre les discussions de nos budgets : ceux de la guerre et de la marine devraient être mis en harmonie avec une politique étrangère stable, orientée vers un but précis, et avec une politique coloniale nettement déterminée. Les tarifs douaniers sont l’expression d’une politique commerciale et industrielle sujette à bien des critiques, mais qui a été adoptée par le Parlement en connaissance de cause et après de longues discussions : cette partie du budget ne pourra donc être modifiée que lorsque toute la question de notre régime économique sera remise à l’étude : n’ayons d’ailleurs garde d’oublier que les traités de commerce font partie de la politique étrangère, et que, de nos jours plus que jamais, le rôle en est considérable dans les relations internationales. Enfin les budgets que nous appellerons intérieurs, notamment ceux des exploitations et monopoles de l’Etat, des travaux publics, de l’instruction publique, de l’agriculture, du commerce et de l’industrie, sont gouvernés avant tout par la direction générale que la France entend donner dans l’avenir à la question du socialisme, nous voulons dire celle de savoir dans quelle mesure la communauté assurera l’exécution d’un certain nombre de services publics, et quels sont ceux qu’elle laissera aux mains de l’industrie et de l’initiative privées.

Les hommes les plus opposés au socialisme ne songent pas à reprendre à l’Etat l’exploitation des postes, des télégraphes, des téléphones. S’ils désirent que celle des chemins de fer reste confiée à des compagnies particulières, ce n’est point par tendresse pour ces dernières, mais par crainte de voir l’esprit bureaucratique se développer encore parmi nos compatriotes, qui n’y sont que trop enclins. Par la transformation des centaines de mille d’ouvriers et employés des compagnies en autant de fonctionnaires, nous marcherions vers l’« étatisation, » — qu’on nous pardonne l’affreux néologisme, — d’un grand nombre de services publics ; le rôle des hommes soucieux de l’intérêt de leur pays