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système. On ne lui oppose pas de faits : on lui reproche de ne pas apporter de justification directe.

Il y a, cependant un assez grand nombre d’observations qui tendent à montrer la réalité de l’état de dissociation sous lequel se trouvent les corps lorsqu’ils sont dissous dans une grande quantité de dissolvant.

On peut citer ce qui se passe lorsque l’on mélange l’acide chlorhydrique à l’eau. L’eau pure est un isolant ; l’acide chlorhydrique liquéfié en est un autre. Que l’on introduise quelques molécules de celui-ci dans celui-là, et aussitôt le mélange devient conducteur. Les molécules introduites n’ont pas conservé leur caractère précédent ; elles sont devenues des véhicules de l’électricité, des ions.

Les expériences directes sont plus convaincantes. Ostwald et Nernst placent une solution étendue dans un système de vases couplés qu’il est facile de séparer brusquement. Ils le soumettent à l’électrisation par influence, attirant ainsi les ions positifs d’un côté et les ions négatifs de l’autre, puisqu’il est admis que les charges électriques ne peuvent pas abandonner les ions. En séparant les vases, on a isolément les ions de chaque espèce. On les décharge alors en employant l’électricité statique contraire et on les manifeste sous leur forme reconnaissable. Cette épreuve, facile à concevoir, mais difficile à exécuter, a donné aux physiciens allemands un résultat concluant. Il ne nous reste pas de place pour développer l’histoire récente des applications de la théorie des ions à la chimie et à la physiologie. Aussi bien est-ce un sujet qui mérite d’être traité à part.


A. DASTRE.