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sont réalisées. Quant aux partis intermédiaires, il serait exagéré de dire qu’ils ont disparu dans la lutte ; mais leur action y a été moins apparente et surtout moins efficace qu’autrefois. Le terrain qui a été gagné l’a été sur eux. Et ce ne sont pas seulement les libéraux et les modérés qui ont été atteints ; les radicaux l’ont été également sur plus d’un point. Ici, on ne les trouve plus assez avancés ; là, on trouve qu’ils le sont trop. C’est une leçon pour les uns et pour les autres : mais sauront-ils en profiter ?

En dehors de ces considérations générales, nous attendons, pour conclure, de connaître les ballottages. Et encore faut-il répéter que des élections municipales, disséminées dans trente-six mille circonscriptions, ne donnent jamais une image très nette de l’opinion du pays. Quant aux résultats des villes, ils sont souvent contradictoires et laissent dès lors une impression indécise. Toutefois les socialistes triomphent : ils en ont le droit, car ils n’ont nulle part perdu de terrain, et ils en ont gagné sur quelques points. Les nationalistes triomphent aussi : ils en ont le droit et même encore davantage, car tout le terrain qu’ils occupent, ils l’ont conquis depuis quinze jours. Ils ont d’ailleurs l’équité, ou, si l’on veut, la modestie de reconnaître que, s’ils doivent en partie leur succès à leurs propres efforts, ils le doivent surtout à la politique qu’ils combattaient. Le cabinet actuel a fait merveilleusement leurs affaires. Il leur a désigné quelques candidats par des persécutions maladroites. Il a menacé les libertés publiques. Il a inquiété les intérêts. Il a laissé et il continue de laisser dire à ses amis que la triste affaire qui nous a fait un si grand mal n’est pas terminée, et qu’on la reprendra bientôt. Il n’en fallait pas tant pour assurer, à Paris surtout, ville d’avant-garde, le succès de tout un lot de nationalistes. C’est là, dans les élections du 6 mai, l’œuvre propre du ministère : elle est très claire. L’œuvre du pays, dans les départemens, l’est moins. Mais, ici et là, on voit poindre ou se développer un double danger, danger socialiste, et, comme contre-partie, danger césarien. Assurément, nous ne disons pas que ce dernier soit nécessairement compris dans le nationalisme ; mais on peut l’en faire sortir. Et ce n’est pas au gouvernement actuel que nous demanderons de nous en garantir.


Les fêtes données à Berlin à l’occasion de la majorité du Kronprinz ont eu tout l’éclat que pouvait désirer Guillaume II. C’est la première fuis, depuis que la couronne Impériale est sur le front des Hohenzollern, qu’une pareille solennité est célébrée : aussi s’est-on appliqué à