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LA PACIFICATION DE MADAGASCAR
1896-1898

II[1]
DEPUIS L’ANNEXION


V

Si plaie d’argent n’est pas mortelle, elle est du moins singulièrement cuisante, surtout quand tout se réunit pour l’aviver. Dans un temps où les troubles rendaient la perception des recettes locales fort aléatoire, il était particulièrement douloureux d’avoir à compter avec la parcimonie parlementaire pour faire face aux exigences les plus impérieuses de la situation.

Au point de vue militaire, la difficulté n’était pas insoluble, ou du moins l’expédient indispensable se découvrait aisément. En établissant les prévisions du budget de 1896, le cabinet Léon Bourgeois, avec l’optimisme imperturbable que lui commandait sa politique intérieure, avait brusquement fait tomber à 7 millions, du chiffre de 90 millions qu’elles avaient atteint pour l’expédition de 1895, les dépenses du corps d’occupation. Or, non seulement les réductions d’effectifs déjà opérées à la fin de 1893 n’avaient pu être intégralement maintenues, puisqu’il avait fallu concéder quelques renforts au général Gallieni, mais, de plus, celles qu’on avait escomptées pour le premier semestre de 1896, avaient dû être complètement abandonnées à raison de l’insurrection. De là un

  1. Voyez la Revue du 15 mai.