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L’ART À L’EXPOSITION
DE 1900

III[1]
LES DIEUX DE L’HEURE

Sur dix personnes qui gravissent les marches du Petit Palais. huit le font pour voir une pendule. Si l’on pouvait interroger la houle humaine qui se répand autour des vitrines, et déferle sur ces îlots de pierres précieuses, on s’apercevrait que ses curiosités ne sont point multiples. Peu de gens sont venus s’amuser au Bal des sauvages ou s’édifier devant la Chasse de Sarrancolin. On compterait ceux qui firent le voyage, curieux d’un peigne liturgique ou de ce diptyque d’ivoire au nom du consul Justinianus. Et enfin, pour « champlevé » qu’il soit, l’émail d’une « colombe eucharistique » ne retient que peu de regards parmi ces milliers d’yeux ouverts sur des milliers de pierreries. Ce qu’ils cherchent tous, c’est une pendule.

Cette pendule aux trois Grâces, de Falconet, — déjà célèbre au temps de Diderot, — redevient fameuse par les désirs qu’elle excite jusqu’au de la des mers. L’histoire et la légende l’entourent de leurs fleurs comme les trois petites déesses elles-mêmes. Et la foule, en la regardant, cherche à comprendre ce qui la rend si désirable et ce qu’elle révèle d’art aux initiés.

  1. Voyez la Revue des 1er mai et 1er juin 1900.