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Arctique, ce sont des ours, des rennes, des phoques. Sur la surface antarctique, ce sont uniquement et exclusivement des phoques.

Il y a, en tout et pour tout, quatre espèces de phocidés antarctiques. Les grandes expéditions de Ross, de Dumont d’Urville et de Wilkes les ont fait connaître depuis longtemps : ce sont le phoque de Weddel et le phoque crabier qui ont été trouvés par M. Racovitza, en avant de la banquise ; le grand Léopard de mer qui est le plus grand et le plus carnassier de tous, et le phoque de Ross.

De l’autre côté du cercle polaire austral, au voisinage de la Terre Victoria, l’expédition de M. Borchgrevink a rencontré aussi les mêmes animaux, déjà connus ; mais elle aurait aperçu, en outre, plusieurs espèces nouvelles. Le fait est à vérifier, avec d’autant plus d’attention, que le zoologiste du Southern Cross ayant succombé aux fatigues de la vie polaire, les observations faites par les autres explorateurs ne présentent pas des garanties de compétence suffisantes. Ce qu’il y a de certain, c’est que M. Racovitza, examinant les photographies récemment publiées par M. G. Newnes a reconnu, dans ces espèces prétendues nouvelles, ses vieilles connaissances de la banquise de la Belgica, le phoque crabier et le phoque de Ross.

La mer polaire arctique héberge aussi un grand nombre de phoques : mais ce ne sont point les mêmes que ceux du pôle Sud. On voit ici se reproduire à propos des mammifères le même fait qui a été signalé à propos des oiseaux : la faune arctique est distincte de la faune antarctique. Il y a des genres qui sont entièrement particuliers à la zone du Nord : par exemple les morses. Ces animaux, que les Anglais appelent Wallruses et qui sont désignés quelquefois par les noms de vache marine, cheval marin, atteignent des proportions considérables ; Nansen, dans son expédition sur la banquise arctique, en compagnie de Johansen, en a rencontré un grand nombre, et il a soutenu contre eux des luttes mouvementées.

La spécialité de la faune de la banquise antarctique se manifeste encore par un autre trait. Si l’on cesse de comparer la zone polaire du Nord à celle du Sud, et que l’on ne considère plus que celle-ci avec les subdivisions régionales qu’on y peut établir, on y retrouvera encore une sorte de cantonnement des espèces. Les phocidés qui vivent dans la partie la plus tempérée de la zone