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antarctique, en dehors de la banquise, ne sont pas des phoques véritables, ce sont des otaries.

Les observations de la mission belge ont fourni une contribution intéressante à l’histoire naturelle de ces animaux, déjà fort étudiés. On n’a plus grand’chose à apprendre sur leur organisation. Elle est celle des carnassiers terrestres, les félins, les canidés, les ursidés, dont ils ne diffèrent que par une adaptation tout à fait particulière à la vie aquatique. Leur corps a pris la forme du corps des poissons ; leurs membres postérieurs sont devenus des sortes de nageoires ; leurs membres antérieurs, courts et engainés jusqu’au poignet dans l’enveloppe générale n’ont que des mouvemens peu étendus. Habiles à la nage, la plupart sont impropres à la marche sur la surface du sol ou de la glace. L’observation de leurs mœurs, seule, présentait quelques lacunes.

L’espèce la plus abondante sur la banquise antarctique était le phoque crabier. C’est aussi l’un des moins faciles à apprivoiser. Il ne se laisse pas approcher sans ouvrir une gueule menaçante, où l’on aperçoit un arsenal de dents fort aiguës et fort tranchantes. Mais cet appareil guerrier n’est destiné ni à l’attaque, ni à la défense. Son rôle, plus pacifique, est de déchirer et de broyer les coquilles et les carapaces des petits animaux dont il fait sa nourriture. On le voit nager, la gueule ouverte, à travers les bancs des crustacés et des mollusques, dont il engloutit de grandes quantités. M. Racovitza a vu la femelle mettre bas, à cru, sur le lit peu moelleux de la banquise, au commencement du printemps antarctique, c’est-à-dire au mois de septembre. La mère ne l’allaite que pendant quelques jours, puis l’abandonne à sa bonne fortune.

Le phoque de Weddel est celui dont le naturel est le plus doux. Le phoque de Ross est le plus rare ; on ne le rencontre que pendant l’été. Il est le plus bruyant de la bande : sa voix est quelque chose d’innommable, qui s’approche tantôt du gloussement de la poule, et tantôt du roucoulement du pigeon ou du soufflement de la trompe. — La troisième espèce, le Léopard de mer, est la plus grande et la plus carnassière : elle est aussi la plus agile.

Ces animaux sont d’une grande ressource pour les navigateurs retenus dans les glaces. Ils ont rendu d’aussi grands services à la mission de Gerlache dans le Sud, que les morses en ont rendus à