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sont si jalouses, les conduiront insensiblement au respect soutenu d’elles-mêmes.

L’éducation, une solide éducation morale et religieuse, doit être pour les deux sexes la pierre fondamentale ; l’éducation des yeux, des oreilles, des doigts, de tous les membres sera faite par des travaux appropriés, le plus souvent en plein air, et toujours sous une haute impulsion, c’est-à-dire avec le sentiment, sans relâche suggéré, que toutes les besognes, fût-ce de gratter la terre, peuvent être, selon l’esprit qui les inspire, des œuvres grossières ou des œuvres divines.

Que la part indispensable d’instruction élémentaire ne nuise pas à l’enseignement physique et industriel ; une fille est mieux armée contre les tentations de la vie en apprenant la cuisine qu’en poursuivant la conquête d’un certificat d’études. La gymnastique fera partie des classes, et la vie des enfans sera rendue aussi heureuse que possible afin qu’ils aient l’impression de former une famille, d’être réunis autour d’un foyer. Il importe de détruire le préjugé courant contre la maison de correction. Un pauvre petit diable peut y être envoyé pour une faute qui n’attirerait sur un enfant mieux favorisé de la fortune qu’une admonestation. Et, quelle que soit la faute commise, elle est effacée par quatre ou cinq ans de bonne conduite.

En Angleterre, les meilleurs d’entre les jeunes gens des deux sexes élevés dans les nouveaux reformatories trouvent donc aisément à se placer ; même on espère que la loi fermant aux garçons qui ont subi une peine l’accès de la marine sera bientôt abrogée en leur faveur.

L’étude des obligations de la tempérance, telle qu’elle s’impose à toutes les écoles depuis que Mrs Mary Hunt les a fait accepter en Amérique, et un autre enseignement de haute importance, celui de nos devoirs à l’égard des animaux, la cruauté exercée contre les bêtes pouvant être le premier pas vers le crime, voilà les principaux moyens employés aux États-Unis pour développer des sentimens humains chez les jeunes malfaiteurs, — chez tous les enfans en général, car seize millions d’entre eux sont soumis aux règlemens dits de tempérance qui proscrivent toute boisson alcoolique et, dans la seule ville de Philadelphie, quatorze mille garçons l’ont partie de la Ligue de pitié que dirigent activement des dames. La Humane education, un nouveau genre d’humanités, entre maintenant dans le programme scolaire de plusieurs États.