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Les patronages, les orphelinats, les écoles d’apprentissage, les sociétés pour l’émigration prospèrent dans presque tous les pays sous les auspices des femmes. Deux sociétés, l’Union des Mères et l’union de l’Éducation nationale par les parens, contribuent fortement en Angleterre à moraliser les familles pauvres. Ces parens-là estiment que la discipline de l’éducation chrétienne ne doit pas se borner au cercle restreint de la famille, mais envelopper en outre d’autres enfans auxquels, depuis le berceau, elle a manqué.

Les enfans, trop négligés, des classes inférieures ont besoin de la tutelle des femmes de bien qui portent le titre de tutrices des pauvres, poor law guardians. En cette qualité, et comme membres du Conseil supérieur des écoles, les dames anglaises montrent tous les jours efficacement que les femmes peuvent travailler de concert avec les administrations auxquelles incombe le soin de préparer des citoyens.

Nous apprenons sur ces entrefaites l’existence d’une Ligue chrétienne et nationale pour la promotion de la pureté sociale aux Etats-Unis. L’œuvre commence dans le mariage, en vue de perfectionner la race par un régime spirituel et scientifique, aidant chaque couple à monter vers l’état le plus noble, tant au physique qu’au moral. La femme, redevenue Légale de l’homme par le libre exercice de sa volonté et l’affranchissement de toute dépendance financière, a chance de procréer des enfans meilleurs et mieux portans ; l’hygiène, la physiologie, le respect de soi-même, dirigent les époux. Les membres de la Ligue comptent que la stirpiculture sera un jour enseignée dans les collèges.

Durant la séance consacrée aux œuvres de relèvement, Mlle Sarah Monod, l’une des vice-présidentes honoraires, indique, dans un excellent rapport en français, combien la philanthropie de notre temps a suivi partout le mouvement général intellectuel et scientifique, combien elle perfectionne ses méthodes et arrive à se spécialiser de manière à leur faire rendre le plus possible.

En Allemagne, — des Allemandes nous le disent, — les mères pensent que c’est à elles d’abord qu’il appartient de former des hommes respectueux de toutes les femmes. Jusqu’à présent la mère, même chrétienne, n’avait pas assez insisté ; sur la gravité de l’infraction du sixième commandement, aussi impérieux (les jeunes gens doivent être amenés à le comprendre) que ceux qui interdisent l’homicide ou le vol. Les honnêtes femmes s’attachent