Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 2.djvu/113

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

concourent ou allemand, anglais, italien, espagnol ou arabe pour le certificat d’aptitude ou pour l’agrégation.

Mlle Käthe Schirmacher fait ressortir la différence avec les étudiantes d’Allemagne, contre lesquelles le gouvernement soulève des obstacles de toute sorte. Depuis 1890, cependant, elles sont admises aux facultés de philosophie des deux Universités badoises : Heidelberg et Fribourg. On comptait 469 étudiantes en 1898, mais leurs privilèges sont de vingt ans en retard sur ceux des Françaises, outre qu’ils ont de beaucoup plus étroites limites, limites apparemment injustifiables dans un pays où 40 pour 100 des femmes doivent gagner leur vie en travaillant. On alléguera que depuis une dizaine d’années la situation s’améliore pratiquement de jour en jour ; mais, au point de vue légal, elle n’est nullement satisfaisante. Les Allemandes sont réduites aux faveurs et aux concessions, arrachées une à une ; elles n’ont pas de droits.

En Russie, l’initiative prise spontanément par Mme Conradi, Mlle Stassoff et quelques autres dames décida de l’admission des femmes à l’enseignement supérieur. L’idée d’une université de femmes réussit dans toute la société cultivée ; dès la première année, 900 personnes souscrivirent aux conférences qui, en 1870, commencèrent à Saint-Pétersbourg. Ce fut là le début d’un mouvement auquel s’intéressa ensuite le gouvernement lui-même. Afin d’empêcher l’exode de beaucoup de jeunes filles qui émigraient vers les universités étrangères, il consentit à autoriser l’instruction supérieure des femmes : mais celles-ci, arrivées à la fin des cours, que soutenaient uniquement des subventions particulières, n’avaient qu’une ressource : devenir maîtresses d’école primaire ou secondaire, ou bien encore : diriger des écoles professionnelles. En 1886, interdiction fut faite par le ministre de l’Instruction publique d’admettre aux cours aucune étudiante nouvelle sous prétexte que cette question devait être examinée à nouveau par une commission spéciale. Trois années s’écoulèrent avant que deux Facultés ne se rouvrissent officiellement aux femmes.

Dans les pays Scandinaves, où renseignement universitaire est commun aux deux sexes, avec un parfait consentement de l’Etat et de la société, il ne semble pas que cette liberté engendre le moindre abus. Elle forme un contraste frappant, avec les répressions russes et l’opposition brutale qui s’est manifestée