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droits les pompes légales, le mensonge officiel. On transporta Galen dans une chapelle ardente, où, aux quatre coins du cercueil, brûlèrent des cierges jour et nuit dans « quatre chandeliers d’argent, du prix de mille écus chacun, » achetés exprès pour la cérémonie. Les funérailles eurent lieu, le 4 octobre, dans la cathédrale de Munster, si somptueuses qu’elles coûtèrent « plus de vingt mille écus. » On suspendit à la voûte de l’église un « navire d’argent magnifique, » en souvenir d’un vaisseau que l’évêque avait pris dans une de ses campagnes ; en celle même cathédrale, on lui édifia un tombeau, qui s’y voit encore de nos jours. L’un de ses familiers écrivit son éloge funèbre, où il le dépeignait comme « un prince équitable, humain, attable et clément[1]. » Enfin j celui qui lui succéda sur le trône, Ferdinand de Fürstenberg. — prince aussi pacifique que son prédécesseur avait été guerrier, — dans un manifeste à son peuple, répandit, sur Galen un torrent d’éloquence, célébra les hauts faits et « les vertus extraordinaires qui ont rendu son nom célèbre et sa gloire immortelle, » exhorta ses sujets à garder pieusement dans leur cœur celui qu’ils avaient, leur dit-il, « dans le cours de sa vie, révéré comme leur prince et chéri comme leur père. »

Et c’est dans cette fumée d’encens, embaumée de ces louanges, fleurie de ces panégyriques, que la mémoire de Bernard von Galen, — en son vivant, comme il aimait à dire, « le fléau de Munster, Zwolle, Deventer, Groningue et autres lieux, » — s’achemina glorieusement vers la postérité.


PIERRE DE SEGUR.

  1. De Vitâ et Rebus gestis Christophori Bernardi, par Joannes ab Alpen.