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LA FEMME
ET
L’ENSEIGNEMENT DE L’ÉTAT


I

La science est à la mode. Servir la science ne semble plus seulement l’affaire des particuliers, mais celle des États. A entendre ceux qui gouvernent la France depuis un quart de siècle, la troisième République s’est assuré dans l’histoire un renom impérissable pour avoir réformé l’enseignement de l’homme et fondé l’enseignement de la femme.

Les avancemens d’hoirie par lesquels les vivans, particuliers ou États, s’attribuent aussi leur part dans la postérité sont commodes : quand on fait appel à l’histoire, elle n’est pas encore là pour répondre, et quand elle prononce, on n’est déjà plus là pour entendre. Mais la prétention que le régime actuel aurait chassé les ténèbres de l’intelligence nationale prouve que les républiques aussi peuvent avoir leurs Pères Loriquet.

Pour parler ainsi du savoir, il faut peu de savoir, et ce n’est pas la bonne manière de rendre justice au présent que d’être injuste envers le passé. Par l’étendue de l’esprit, la conscience du travail, la puissance des découvertes, la force ordonnée des hypothèses, les savans d’autrefois ne furent pas inférieurs à ceux d’aujourd’hui. L’instruction du peuple a commencé avec notre existence nationale : la qualité de cet enseignement a pour témoignages l’éclat des génies qu’il forma, la grâce et le goût de la vieille société et aussi les mœurs de ce populaire, le moins