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Il atteint près de 300 000 tonnes ; mais la plupart des bateaux sortent sur lest.

La rade protégée par la digue est en outre un refuge précieux pour les navires de toute provenance surpris par les coups de vent ou qui redoutent, par les gros temps, les courans de marée qui longent la côte, du cap de la Hague au cap Lévy et à la pointe de Barfleur. On n’évalue pas à moins de 5 000 le nombre des bateaux qui viennent y faire relâche chaque année ; et, si l’on peut craindre, au point de vue militaire, que les travaux exécutés, quelque grandioses qu’ils soient, deviennent un jour insuffisans, il est juste de reconnaître que l’abri créé a rendu et continue à rendre d’incomparables services à la navigation de tout ordre, et que le formidable ouvrage, construit en vue de la guerre, est et restera toujours une grande œuvre de salut.


XII

Cherbourg absorbe naturellement toute l’activité du Cotentin. À l’exception de Granville, qui est presque à la limite de la Bretagne, les neuf autres ports de la presqu’île, — Regnéville, Port-Bail, Carteret, Diélette, Goury, le Becquet, Cap-Lévy, Barfleur et Saint-Waast, — ne sont que des ports de pêche et de secours.

Les cinq premiers sont situés sur la côte occidentale de la presqu’île, en face des archipels et des rochers qui constituent le groupe des îles normandes, et on n’y aborde qu’en traversant les deux mauvais passages de la Déroute et du Raz-Blanchard.

Regnéville est situé à l’embouchure de la Sienne et du Passevin, deux assez mauvais cours d’eau sans profondeur, à peine praticables aux barques de canal. Les autres bateaux doivent stationner dans une anse sablonneuse bordée de dunes instables. Deux médiocres passes permettent l’entrée des petits caboteurs, qui peuvent naviguer sur la Sienne avec la marée et décharger leurs marchandises dans des chalands qui remontent jusqu’à Coutances un petit canal de 5 kilomètres, assez mal entretenu. Le havre de Regnéville assèche à toutes les marées ; et les variations de son chenal, les bancs mobiles qui modifient à chaque instant les conditions de son entrée, ne permettent pas d’y créer un centre important pour le commerce. Le voisinage de Coutances, quelques fours à chaux qui consomment de la houille anglaise, différentes exploitations de matériaux de construction et de