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marbre lui donnent cependant une certaine activité, près de 20 000 tonnes réparties à peu près également à l’entrée et à la sortie.

Le port de Goury n’est qu’un simple port d’échouage sur une grève de cailloux et de graviers défendue par une petite digue ; il est-situé immédiatement au-dessous du cap de la Hague, entouré de criques et de falaises granitiques dentelées et précédées d’écueils très dangereux. Son voisinage du Raz-Blanchard le rend précieux pour les petits navires surpris par le mauvais temps ou qui ne peuvent pas lutter contre le courant. Une quinzaine de bateaux de pêche seulement y sont attachés, et c’est tout.

Sur tout le front septentrional de la presqu’île du Cotentin, du cap de la Hague à la pointe de Barfleur, les navires de toute catégorie, voiliers, steamers, cargo-boats ou simple sloops de pêche, qui traversent le détroit de la Manche, ne trouvent en réalité qu’un seul abri sérieux, la rade de Cherbourg. Le Becquet et le cap Lévy ne sont en effet, comme les ports de la côte orientale, que de petits havres d’échouage, médiocrement outillés, établis dans des anfractuosités rocheuses, mais pouvant rendre à la rigueur quelques secours. Ils ont eu une certaine activité pendant la période de la construction de la digue, qui a duré plus d’un siècle, alors que les falaises voisines étaient exploitées comme carrières pour fournir des millions de mètres cubes de matériaux de construction. On y avait creusé de petits bassins pour l’embarquement des blocs et des moellons ; et ces anses, presque abandonnées aujourd’hui, ont été, jusque vers l’année 1850, de petits ports temporaires très fréquentés.

La pointe de Barfleur, dont la saillie rocheuse forme le musoir Est de la presqu’île normande, est battue par une mer presque toujours dangereuse ; et le Raz de Barfleur a quelquefois une vitesse comparable à celle du Raz-Blanchard et du passage de la Déroute. Malgré les difficultés et les dangers de l’approche, qui n’est signalée que depuis une époque relativement récente par de nombreux amers et par l’un de nos phares les plus élevés et les plus puissans, le petit havre de Barfleur, situé immédiatement au-dessous du cap, a été au moyen âge un des ports les plus fréquentés de la Manche. Du XIe au XIVe siècle, c’était souvent à Barfleur qu’on s’embarquait pour se rendre dans tous les ports de la Normandie et sur les côtes de la Grande-Bretagne. C’est à