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années le chiffre de 15 millions de francs. L’importation consiste, comme dans presque tous les ports de la Bretagne et de la Normandie, en houilles anglaises et en bois du Nord. Le mouvement total dépasse quelquefois 20 000 tonnes : et tout porte à croire qu’il se maintiendra toujours et qu’il augmentera même, avec le développement de la culture de la zone marécageuse que les dépôts de tangue ont transformée en pâturages à perte de vue.


IV

Du golfe des Veys à l’embouchure de l’Orne, 70 kilomètres environ, plus de 100 en suivant les ondulations de la côte, à peu près orientée de l’Ouest à l’Est. Deux ports seulement à signaler, intéressans quoique médiocres, Port-en-Bessin et Courseulles. Tous les autres, Saint-Laurent-Plage-d’Or, Arromanches, Asnelles, Ver, Bernières, Saint-Aubin, Langrune, Luc, Lion-sur-Mer, Riva-Bella ne sont guère que de petits havres de pêche sans aucun mouvement commercial ; mais leurs plages sont devenues de charmantes villégiatures, et quelques-unes des stations très fréquentées par les baigneurs.

D’une manière générale, la côte de la basse Normandie est le prolongement du plateau calcaire du riche bassin dont le pied a été rasé par la mer. Le rempart contre lequel venaient battre les vagues a été détruit, et les débris éboulés, remaniés par les courans, ont fini par former au-devant des falaises un long seuil sous-marin à peu près continu, précédé d’une ligne de rochers parallèles au rivage, dernier vestige de l’ancienne côte engloutie et disparue. L’un des principaux de ces rochers est le Calvados, dont le nom un peu défiguré rappelle l’un des vaisseaux de la célèbre Armada de Philippe II, le Salvador, qui vint y échouer et y demeura longtemps fixé à l’état d’épave. Derrière cet écueil est un petit mouillage qui, plus hospitalier aux autres vaisseaux de la malheureuse flotte, porte encore le nom de « Fosse d’Espagne. » Un peu partout sur l’estran, on retrouve à mer basse des troncs d’arbres enfouis qui ont appartenu à d’anciennes forêts. Lorsque les commissaires du cardinal de Richelieu vinrent faire en 1640 la grande reconnaissance des côtes de Normandie et de Bretagne, ils signalèrent l’existence d’un petit port ensablé aux environs de Bernières-sur-Mer, presque à l’embouchure de