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analogue à celui des Rois, de Jules Lemaître, et de Majesté, de Louis Gouperus. Le héros du roman est un prince allemand, aux goûts simples, qui voudrait satisfaire les aspirations de son peuple, mais entre en conflit avec les traditions monarchiques de sa famille. Dégoûté du protocole de la cour et des finasseries de la politique, le prince Othon abandonne les rênes du gouvernement à sa femme.

La princesse, qui méprise un souverain sans énergie, l’évincé peu à peu des affaires, va jusqu’à le faire interner dans un château fort et règne avec laide du chancelier Gondremark. Mais, quand ce dernier, enhardi par sa faveur, veut devenir son amant, Séraphine, qui est une honnête femme, s’indigne et le poignarde. Cependant une révolution éclate et renverse le trône. La princesse affolée s’enfuit à travers les bois et, regrettant le bonheur conjugal perdu, demande pardon à Othon et gagne sa tendresse. Ainsi, l’amour, sacrifié naguère à la passion politique, renaît dans ces deux cœurs de princes, au contact de la nature et de la vie simple. Telle est cette sorte de vaudeville, où Stevenson s’est essayé à la peinture des caractères.

Les Nouvelles Mille et une Nuits forment la transition au roman étrange et tragique. Elles nous content les expériences du prince Florizel (de Bohême), un grand seigneur décavé qui, en compagnie de son ex-premier ministre, fréquente les cercles louches de Londres. Il se fait, un jour, affilier au Club du Suicide, société de désespérés qui s’engagent, chacun à son tour, à délivrer un de leurs compagnons, désigné par le sort, du fardeau de la vie. Il n’échappe au sort fatal que par le stratagème de son premier ministre.

Le Dynamiteur renferme une série d’aventures, courues par quelques gentilshommes ruinés, qui se sont rencontrés au Divan fumoir bohémien. Godall, le tenancier du divan, n’est autre que le prince Florizel. Jones, le chimiste qui fabrique les engins explosifs, est un vrai Protée, il se métamorphose sous tous les costumes et emploie comme agens quelques femmes, devenues d’ardentes apôtres de la réforme de la société par la dynamite. Les explosions se produisent, tantôt à Londres, tantôt à New-York ou jusque dans l’Italie, d’une façon mystérieuse. Ce n’est que vers le milieu du livre que l’on découvre que Jones est le révolutionnaire qui tient dans ses mains tous les fils de cette conspiration.