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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 septembre.


M. le lieutenant-colonel de Saint-Remy a été condamné par le conseil de guerre de Nantes à un jour de prison, et par M. le ministre de la Guerre à la mise en disponibilité par retrait d’emploi : cette mesure sera suivie, dit-on, de la liquidation de sa retraite. On connaît la faute qu’il a commise. Ayant reçu l’ordre d’envoyer un escadron à Lanouée pour y assurer la dissolution d’un établissement congréganiste, il a refusé de le faire, déclarant qu’un tel ordre blessait ses sentimens et sa foi. Tels sont les faits : ils sont profondément regrettables, et nous avons déjà dit qu’à notre sens, le colonel de Saint-Remy ne pouvait pas être approuvé. Il l’a été cependant, il a même été glorifié par beaucoup d’honnêtes gens, justement indignés contre la politique du ministère actuel, et qui n’admettent pas que l’armée serve à certaines besognes pour lesquelles elle n’est point faite. Nous partageons cette indignation, et nous comprenons ces répugnances ; mais il y a pour nous un principe qui domine tout : c’est celui de l’obéissance absolue qui s’impose à notre armée, officiers et soldats, en présence d’un ordre régulier. Ce n’est pas dans un temps où l’esprit militaire a tant de peine à résister aux assauts répétés dont il est l’objet, qu’il est permis de transiger sur une question aussi grave. Il faut dire très haut qu’un officier, lorsqu’il exécute un ordre, n’y prend aucune responsabilité personnelle : il ne commence à en encourir une que lorsqu’il désobéit. Le jour où nos officiers ou nos soldats se mettront à discuter les ordres qu’ils reçoivent, et les soumettront au jugement de leur conscience individuelle, jugement qui peut être bon ou mauvais, mais n’est jamais infaillible, il n’y aura